Contre la mpox, l’urgence vaccinale pour l’Afrique

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Une semaine après l’enregistrement d’un cas de mpox en Suède, le premier du nouveau variant hors d’Afrique, un autre cas a été décelé en Thaïlande, jeudi 22 août, sur un Européen arrivé d’Afrique. Il s’agit de cas très isolés et le risque de pandémie est limité, mais l’irruption en Asie de la mpox, la variole du singe autrefois appelée monkeypox, doit servir d’avertissement aux pays qui ont les moyens d’aider l’Afrique à maîtriser l’épidémie. Le moment est venu d’une fourniture massive de vaccins à ceux qui en ont besoin.

L’accélération de la propagation de cette maladie contagieuse sur le continent africain a conduit l’Organisation mondiale de la santé, le 14 août, à déclarer la mpox « urgence de santé publique de portée internationale ». L’agence de santé de l’Union africaine, Africa CDC, a constaté en 2024 une augmentation de 160 % par rapport à 2023, soit 18 910 cas et 518 morts dans 13 pays africains. Particulièrement touchée, la République démocratique du Congo (RDC) recense à elle seule 96 % des cas et 97 % des morts.

La propagation hors d’Afrique d’un précédent variant en 2022 avait pu être contrôlée grâce à la mobilisation rapide des tests, des traitements et des vaccins. L’épidémie actuelle est de nature différente. Alors que l’épisode de 2022 hors d’Afrique avait surtout affecté la communauté gay et bisexuelle en raison de la prédominance du mode de transmission par voie sexuelle, le virus qui fait des ravages en RDC est plus létal et touche surtout les enfants. En outre, un nouveau variant circule depuis septembre 2023 parmi les travailleuses du sexe dans le Sud-Kivu.

La bonne nouvelle est qu’il existe un vaccin efficace contre la mpox. La mauvaise nouvelle pour l’Afrique est que seuls deux laboratoires le produisent : le danois Bavarian Nordic, dont le vaccin MVA-BN a été approuvé par la plupart des autorités de santé dans le monde, et le japonais KM Biologics, dont le LC16 est moins répandu. La plupart des vaccins et traitements ont été précommandés par les pays riches.

C’est un schéma malheureusement familier. La pandémie de Covid-19 a laissé un douloureux souvenir aux pays du Sud, qui ont vu les pays riches accaparer les vaccins qu’ils avaient réussi à produire alors que le virus mortel se propageait sur la planète.

Le directeur d’Africa CDC, Jean Kaseya, estime que 10 millions de vaccins sont nécessaires d’ici à fin 2025 pour venir à bout de l’épidémie. Il a pris contact avec Bavarian Nordic, qui lui a dit que l’objectif n’était pas impossible à atteindre. Dans l’immédiat, les espoirs du docteur Kaseya reposent d’abord sur les dons aux pays les plus touchés, effectués au nom de l’urgence humanitaire : l’Union européenne s’est engagée à fournir 215 000 doses de vaccin, la France 100 000, les Etats-Unis 50 000.

A moyen terme, ce n’est pas suffisant. Il faut tirer les leçons de la pandémie de Covid-19 sur un indispensable partage plus équitable des outils de santé, en faisant appel à des organisations telles que l’Accélérateur ACT, créé dans le cadre de la pandémie et qui réunit des chefs d’agence de santé et des experts, ou la GAVI, alliance qui œuvre pour accroître l’accès aux vaccins à l’échelle mondiale. Cela passe aussi par des aides financières à l’achat des vaccins et à la logistique, et par des transferts de technologie qui vont permettre la production des vaccins sur le continent africain. Cela repose avant tout sur la volonté de ne pas reproduire les erreurs du passé.

Le Monde

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