
Le message politique est relayé à tous les niveaux de l’Etat : face aux déserts médicaux qui s’étendent, il ne saurait y avoir de « statu quo » dans l’organisation de l’offre de soins. Encore faut-il trouver, avec les professionnels de santé, un accord sur les leviers à activer, alors qu’il n’existe pas de « remède miracle », comme a coutume de le rappeler François Braun, le ministre de la santé. A la fin d’un hiver ponctué d’interpellations venant du monde hospitalier, c’est avec la médecine de ville que l’ancien urgentiste ferraille.
Entre deux journées de mobilisation contre la réforme des retraites, un appel à la grève a été lancé par tous les syndicats de libéraux (Confédération des syndicats médicaux français, MG France, etc.), pour mardi 14 février, jour de l’examen au Sénat d’une proposition de loi (PPL) controversée portée par la députée (Renaissance) du Loiret Stéphanie Rist – et soutenue par le gouvernement – visant à introduire un « accès direct » à certains professionnels paramédicaux, sans en passer, au préalable, par un médecin. Une « ligne rouge ».
Les médecins de ville n’en sont pas à leur première mobilisation, mais elle se durcit, à quelques jours de la fin des négociations entre leurs syndicats et l’Assurance-maladie pour fixer le cadre d’une nouvelle convention. Apres négociations : elles achoppent, à ce stade, autour d’un « contrat d’engagement territorial » qui reste à préciser et d’une revalorisation de la consultation de base à 26,50 euros (contre 25 euros, aujourd’hui), accueillie comme une « provocation ».
Front « inédit »
La « PPL Rist » voit croître ses opposants déclarés : l’ordre des médecins a fait savoir qu’il soutenait – et viendrait grossir, mardi – les cortèges ; une première. Le Collège de la médecine générale a aussi pris position. Idem pour SOS-Médecins. Des appels à se mobiliser résonnent aussi au sein d’organisations de praticiens hospitaliers. Un front « inédit », disent ses promoteurs, dans un contexte social éruptif.
La colère est montée au fil des semaines. Adressant ses vœux aux acteurs de la santé, le 6 janvier, Emmanuel Macron a campé la fermeté : « Le médecin doit être la porte d’entrée, mais pas le verrou du système », a-t-il martelé, en expliquant vouloir « bâtir un nouveau pacte de droits et de devoirs » avec la médecine libérale. Pour répondre aux besoins de santé des Français, dont 6 millions (650 000 en affection de longue durée) n’ont pas de médecin traitant, le chef de l’Etat a plaidé pour l’instauration de « coalitions de santé », d’« équipes traitantes » ou encore d’une délégation de tâches « simplifiée » – dans la droite ligne de la proposition de loi qui arrive au Sénat.
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