Dans les pays du Sud, l’éducation prise en étau entre crise de la dette et baisse de l’aide au développement

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Arrêt brutal des recrutements d’enseignants en Zambie, scolarité intermittente des lycéens au Ghana… Les pays pauvres ont de plus en plus de mal à faire de l’éducation une priorité. Dans leur rapport annuel de suivi du financement de l’éducation 2024, dévoilé le 31 octobre, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et la Banque mondiale alertent sur la baisse de la dépense par élève dans les pays en développement, qui consacrent aussi une moindre part de leur budget à l’école.

Pour la première fois depuis 2016, les dépenses d’éducation sont retombées à 3,9 % du produit intérieur brut (PIB) des pays à faibles revenus, contre 4 % en 2022 – l’Unesco estimant qu’il faudrait dépenser entre 4 et 6 % du PIB pour l’école. Le phénomène touche, bien que dans des proportions différentes, la majorité des pays dans le monde : environ 70 % d’entre eux ont fait reculer l’éducation dans leurs priorités budgétaires depuis 2015. Cette situation est en partie due à la crise liée au Covid-19, qui a fait exploser l’endettement public.

L’effet de cette crise se combine avec le fait que l’aide publique au développement, qui forme une partie du budget scolaire des pays les plus pauvres, donne moins la priorité à l’éducation qu’auparavant – 7,6 % du volume total des dons étaient dirigés vers le secteur éducatif en 2022, contre 9,3 % en 2019. La tendance générale, pour les finances publiques comme pour les aides, est à la réorganisation des dépenses vers d’autres secteurs jugés prioritaires, notamment les systèmes de santé et la lutte contre le réchauffement climatique.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Aide au développement : le grand repli européen

Cette réorientation tombe au pire moment, car l’Unesco et la Banque mondiale alertent en même temps sur les risques majeurs que fait peser la crise de la dette publique sur les systèmes éducatifs des pays en développement. Les pays à bas revenus consacrent en moyenne 14 % de leur budget au remboursement de la dette, le double d’il y a dix ans. « Le lien entre la crise de la dette et les coupes dans les dépenses publiques est déjà clair dans plusieurs pays, confirme Manos Antoninis, directeur du rapport mondial de suivi de l’éducation de l’Unesco, même si les conséquences ne sont pas identiques d’un endroit à l’autre. » La crise de la dette est particulièrement préoccupante dans certains pays d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, où le remboursement des intérêts, ramené au nombre d’habitants, dépasse la dépense publique d’éducation, selon l’Unesco et la Banque mondiale.

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