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« Défendre Sansal, c’est défendre la liberté d’expression, socle de toute société libre et juste »

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Boualem Sansal est bien plus qu’un écrivain. Il incarne une voix libre, intransigeante, et profondément attachée à l’universalisme. Figure majeure de la littérature francophone contemporaine, il s’est imposé par son courage intellectuel et sa capacité à questionner les dogmes, qu’ils soient religieux, politiques ou idéologiques. Et c’est précisément cette liberté qui lui vaut aujourd’hui d’être emprisonné.

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Arrêté à Alger à son retour de Paris, Sansal se retrouve réduit au silence par un régime qui le considère depuis longtemps comme un empêcheur de tourner en rond. Cet ancien haut fonctionnaire, directeur au ministère de l’industrie, professeur d’université, ingénieur issu de l’Ecole nationale polytechnique, docteur en économie, non arabophone mais profondément enraciné dans la culture algérienne, est vu comme un intrus, un déraciné. Sa plume, incisive et sans concession, dénonce les travers d’un pouvoir algérien gangrené par la corruption et la répression, tout en s’attaquant aux idéologies rétrogrades, notamment l’islamisme.

Le contexte de son arrestation ne peut être dissocié des tensions actuelles entre la France et l’Algérie. Depuis que le président Emmanuel Macron a affiché son alignement avec la position marocaine sur le Sahara occidental, les relations franco-algériennes sont devenues plus orageuses que jamais. Sansal, né d’un père marocain, devient dès lors un bouc émissaire idéal pour un régime à l’affût de symboles à fustiger.

Résistance à la fois subtile et frontale

Mais réduire Boualem Sansal à une pièce sur l’échiquier politique serait une grave erreur. Depuis des décennies, il incarne une forme de résistance à la fois subtile et frontale. Avec des œuvres comme Le Village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller (Gallimard, 2008), il a fracturé les récits figés, abordant des tabous tels que la Shoah dans le monde arabe ou les liens troubles entre idéologies fascistes et islamistes. Sa littérature, d’une profondeur remarquable, est une invitation à réfléchir, à dialoguer, mais surtout à ne jamais céder face à la pensée unique.

En Algérie, malgré son opposition au régime, Boualem Sansal reste un marginal, écouté davantage au-delà de la Méditerranée qu’au sein de son propre pays. Pourtant, il a été l’un des premiers à soutenir le Hirak, ce mouvement de protestation populaire qui, en 2019, a tenté de renverser l’ordre établi. Si cette révolution a été confisquée, elle a aussi montré la soif de liberté d’un peuple longtemps réduit au silence.

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