« Derrière les succès des Mylène Farmer, Clara Luciani ou Aya Nakamura, la réalité est beaucoup moins réjouissante pour les artistes féminines »

Il n’a fallu que quinze petites minutes à la chanteuse américaine Beyoncé pour écouler, vendredi 3 février, la totalité des places pour ses deux concerts français du printemps, au Stade de France à Saint-Denis et au Vélodrome de Marseille. Quelques jours plus tôt, sa compatriote Madonna remplissait quatre soirées à l’Accor Arena de Paris, elle aussi en un temps – et à des prix – record, avec la certitude qu’elle aurait pu en ajouter quelques-unes de plus tant la demande est forte pour assister à la prochaine tournée de la material girl.

Côté artistes françaises, Mylène Farmer, Clara Luciani, Aya Nakamura ou encore Juliette Armanet ne s’en laissent pas compter avec des concerts pleins à craquer dans les plus grandes salles ou dans les stades. Preuve s’il en fallait que les chanteuses et les musiciennes n’ont vraiment rien à envier à leurs collègues masculins quand il s’agit de déplacer les foules.

Une évidence ? Pas vraiment. Derrière ces succès notoires, abondamment commentés pour certains, la réalité s’avère beaucoup moins réjouissante pour les artistes féminines. Sur scène, en studio, sur les plates-formes de streaming et plus largement dans l’ensemble du secteur de la musique. C’est ce qui ressort de l’étude menée pour la première fois par le Centre national de la musique (CNM) sur « la présence des femmes dans la filière musicale », dévoilée lors des deuxièmes assises de l’égalité femmes-hommes dans la musique organisées à Marseille le 9 février.

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Parmi les chiffres les plus marquants : les femmes ne représentent que 17 % des 20 000 artistes programmés sur scène en 2019, date de référence choisie pour cet édifiant état des lieux. Contre 62 % pour les hommes (les 21 % restants correspondent au genre « mixte » selon la terminologie de l’étude). Un écart qui grimpe encore pendant la saison des festivals. Les artistes féminines n’étaient en effet plus que 14 % à s’être présentées devant le public lors des manifestations consacrées aux musiques actuelles passées au crible par le CNM cette année-là…

Le rap, mauvais élève

Le reste est à l’avenant. Chanteuses, musiciennes et compositrices se produisent dans des salles plus petites – elles ne sont que 11 % à chanter ou à jouer devant plus de 6 000 personnes –, enregistrent moins de disques, sont moins diffusées sur les ondes et en streaming, sont moins présentes dans les playlists et ne représentent que 40 % des effectifs de la filière.

Parmi les genres musicaux, là encore, les déséquilibres ont la peau dure. Le rap fait figure de mauvais élève avec seulement 5 % de la production chantée par des femmes. Une sous-représentation aux conséquences lourdes. Cette esthétique pèse en effet 15 % de la production totale en France. Elle est surtout surreprésentée sur Spotify et les autres plates-formes d’écoute en ligne plébiscitées par les jeunes. Sombre bilan. « Alors que la question de l’égalité entre les genres dans la musique est un sujet d’actualité pour l’ensemble des acteurs de la filière, la parité entre les femmes et les hommes sur scène comme en studio n’est pas encore acquise », ne peut que conclure le CNM.

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