La présence passée d’eau liquide sur Mars ne fait plus de doute depuis longtemps, mais le rover martien Curiosity continue d’en documenter les traces, toujours visibles des milliards d’années après sa disparition. En témoignent des images prises récemment par l’engin de la NASA, lors de son ascension du mont Sharp et rendues publiques le 8 février par l’agence spatiale américaine. L’une d’elles montre des rides à la surface du sol martien, comme celles que laisseraient des vaguelettes agitées par le vent en bordure d’une étendue d’eau de faible profondeur.

« C’est la meilleure preuve d’eau et de vagues que nous ayons vue de toute la mission », estime, dans un communiqué de presse, Ashwin Vasavada, chef scientifique de la mission Curiosity au Jet Propulsion Laboratory (Pasadena, Californie), qui coordonne les pérégrinations du rover. « Nous avons grimpé sur des centaines de mètres de dépôts lacustres et n’avons jamais vu de telles preuves – et maintenant nous en avons trouvé dans un endroit que nous pensions sec. »
L’ascension du mont Sharp est aussi un voyage dans le temps, les couches les plus élevées correspondant à des époques plus récentes et donc plus sèches de l’histoire de la Planète rouge. Depuis 2014, Curiosity escalade les contreforts de cette structure haute de près de 5 kilomètres, et s’est élevé de quelque 800 mètres, s’éloignant de la jeunesse de Mars où ce relief était parcouru de rivières et baigné de lacs. Si bien que les chercheurs ne pensaient pas croiser de telles traces d’un plan d’eau à cette altitude. Les ridules figées dans les sédiments depuis des milliards d’années étaient trop coriaces pour la foreuse de Curiosity, qui n’a pu les percer.
« Merveilleuse complexité »
A proximité, dans une dépression nommée Gediz Vallis, les caméras du rover ont aussi vu des accumulations de blocs et de débris rocheux, pour certains de la taille d’une voiture, qui pourraient y avoir été apportés lors de glissements de terrains humides. Les responsables de la mission espèrent que leur protégé pourra s’en approcher, car ils pourraient avoir dégringolé de hauteurs du mont Sharp – et donc de périodes plus récentes – qu’il n’aura pas l’occasion d’atteindre.
Enfin, le communiqué de la NASA fait état d’une troisième structure géologique d’intérêt, des roches composées de couches régulières alternées, dont les équivalents terrestres renvoient à des phénomènes météorologiques ou climatiques périodiques. « Les ondulations, les coulées de débris et les couches rythmiques nous indiquent que l’histoire du passage de l’humidité à la sécheresse sur Mars n’est pas simple », indique Ashwin Vasavada. « L’ancien climat de Mars présentait une merveilleuse complexité, un peu comme celui de la Terre. »