A coup sûr, la journée du mercredi 15 février figurera dans les annales de l’audiovisuel français. Pour la première fois depuis que M6 existe (1987), son président, Nicolas de Tavernost, devait défendre devant l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA) son souhait d’utiliser une fréquence TNT, propriété de l’Etat, pour les dix prochaines années.
Pour la première fois aussi, un concurrent lui conteste l’automaticité de reconduction d’autorisation qui lui a, de fait, été accordée jusque-là : Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) aimerait bien disposer à son tour de la ressource radioélectrique officiellement disponible à partir du 6 mai.
Le fondateur d’Iliad (Free) dévoilait son projet de chaîne de télévision, baptisé « SIX », face au collège de l’autorité à partir de 9 h 15. Nicolas de Tavernost avait l’occasion de lui répondre, s’il le souhaitait, en début d’après-midi, au moment de défendre ses propres couleurs. Entre ces deux auditions, Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom, et ses conseillers devaient entendre les dirigeants de TF1. Soumise à la même nécessité de poser sa candidature que sa rivale et ex-promise à la fusion, TF1 n’affronte, de son côté, aucune concurrence.
Directoire de M6 rajeuni
A M6, ces derniers jours, les apparences pouvaient laisser croire que le contexte ne changeait rien au « business as usual ». Comme d’habitude, en effet, lundi 13 février, Nicolas de Tavernost a présenté les résultats financiers du groupe dont il préside le directoire depuis 2000. Comme toujours, il a annoncé une marge opérationnelle très enviable, à 24,6 % (contre 23,5 % en 2021 et 19,5 % en 2019, mais avec un résultat net en baisse notable à presque 166 millions, contre 280,8 millions en 2021).
Comme à l’accoutumée encore, une interview dans la presse est venue couronner sur papier l’exception M6, la chaîne généraliste française la plus rentable. L’arrivée au conseil de surveillance du patron de l’armateur CMA CGM, Rodolphe Saadé, détenteur de 8 % du capital de M6, envoie également le signal que d’inquiétudes sur l’avenir à M6, il n’y a point.
Devant l’Arcom, Xavier Niel devait se montrer mieux-disant en matière d’investissements dans la création patrimoniale et dans la production indépendante, deux points faibles de M6
En guise de réponse au camp adverse, qui laissait entendre que Nicolas de Tavernost, 72 ans, allait peiner à incarner devant l’Arcom l’avenir de sa chaîne, le dirigeant vient de rajeunir le directoire de son groupe dont, hasard du calendrier, le mandat arrivait à échéance lundi. En faisant notamment sortir son complice de toujours, Thomas Valentin, 67 ans, le DG chargé des antennes et des contenus (qui reste toutefois son conseiller), le président en poste jusqu’au 22 août 2025 − jour de ses 75 ans − pousse une nouvelle génération. Parmi elle se trouvent la secrétaire générale du groupe, Karine Blouët (53 ans), le directeur des programmes, Guillaume Charles (46 ans), et le directeur de la stratégie, Henri de Fontaines (48 ans).
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