Devant l’Autorité de régulation, le duel entre Nicolas de Tavernost et Xavier Niel pour le contrôle de la fréquence de M6

Xavier Niel devant l’Arcom, à Paris, le 15 février 2023.

Si l’attribution des fréquences de télévision relevait d’un jeu-concours de prime time, la prestation de Nicolas de Tavernost, mercredi 15 février devant l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA), aurait sans doute emporté le vote du public. Défié dans son souhait de décrocher pour M6 une nouvelle autorisation de diffusion sur la TNT par l’homme d’affaires Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde), le président du directoire de la chaîne a ouvert son audition par un florilège de piques à l’adresse de son adversaire, entendu quelques heures plus tôt dans la même enceinte.

« Vingt-cinq millions de Français nous reçoivent aujourd’hui par la TNT, dont 10 millions qui n’ont pas d’autre possibilité. (…) Qui est prêt à priver ce public de nos programmes ? », a attaqué le patron de la chaîne qui se targue d’être la préférée des Français. Soulignant l’exemplarité de M6, qui a rarement failli aux obligations auxquelles elle est tenue depuis 1987 : « Les promesses ont été tenues. Vous me direz, c’est normal ; oui, mais c’est rare. J’en ai entendu des promesses en trente-six ans : elle est où la chaîne Numéro 23, chantre de la diversité, et pourtant pourvue de parrains très riches ? » – Xavier Niel a été actionnaire de feue la chaîne de la TNT trop vite revendue, aujourd’hui RMC Story. Sceptique ou réaliste, comme on voudra, le patriarche du paysage audiovisuel français a ensuite tranché : « Une chaîne généraliste ambitieuse ne peut réussir seule. C’était peut-être possible il y a trente-six ans, ça ne l’est plus aujourd’hui, et encore moins demain ». M6 ou le chaos !

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Des atouts de part et d’autre

Mais l’Arcom n’a que faire de l’applaudimètre. Pour déterminer qui de M6 ou de « SIX », la chaîne imaginée par Xavier Niel, disposera de la ressource radioélectrique remise en jeu, l’Autorité doit fonder son choix en fonction de « l’intérêt » des projets qui lui sont soumis, et du respect d’impératifs tels que la « sauvegarde du pluralisme », « la diversification des opérateurs » ou encore la « nécessité d’éviter les abus de position dominante ainsi que les pratiques entravant le libre exercice de la concurrence ». De fait, l’arrivée d’un nouvel entrant remplirait ces conditions.

L’Autorité doit aussi tenir compte de « l’expérience acquise dans les activités de communication » ; les trente-six années d’existence de M6 pèsent d’un poids évident dans la balance, mais Xavier Niel n’est pas un débutant (son groupe aux 50 millions d’abonnés est présent dans les médias, les télécommunications et le numérique). L’ex-CSA doit en outre s’inquiéter « des engagements en volume et en genre en matière de production et de diffusion » de programmes. Or le projet challenger propose de dédier 16 % de son chiffre d’affaires à la création (contre 15 % pour M6), dont 14 % iront à la création patrimoniale (11,5 % pour M6), 4 % au cinéma (contre 3,5 % pour M6).

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