Drones turcs, avions russes… Au Sahel, la guerre des airs est déclarée

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Les autorités burkinabées veillent à garder l’existence de cette base secrète. Et pour cause : elle héberge près d’une dizaine de drones, l’une des armes les plus précieuses de la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré. Localisée par Le Monde, qui ne souhaite pas révéler sa position exacte, elle se situe dans la périphérie sud de Ouagadougou. Construite à l’abri des regards à partir de 2021, elle est devenue pleinement opérationnelle fin 2022, après la prise de pouvoir de celui que ses compatriotes surnomment « IB ».

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Un drone Bayraktar TB2 sur une base de l’armée burkinabée, au sud de Ouagadougou, le 4 novembre 2023.

De son tarmac décollent des drones armés du constructeur turc Baykar (au moins six Bayraktar TB2 et deux Bayraktar Akinci, le modèle supérieur) et des drones de surveillance de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Leur mission : traquer et frapper les groupes djihadistes qui contrôlent de larges pans du territoire burkinabé. Impulsé par le régime de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré (renversé par le putsch de 2022), ce recours aux drones armés a été intensifié par le capitaine Traoré.

Comme dans d’autres domaines, le jeune officier au béret rouge a suivi l’exemple de son aîné malien, le général Assimi Goïta. Depuis son coup d’Etat à Bamako, en août 2020, sa junte a fait des drones un de ses vecteurs privilégiés pour frapper ses ennemis, qu’ils soient djihadistes ou combattants indépendantistes. En novembre 2023, ces appareils ont joué un rôle déterminant dans la prise de Kidal aux rebelles à majorité touareg du Cadre stratégique permanent (CSP), une victoire hautement symbolique pour le régime du général Goïta. « Les drones offrent un important gain opérationnel. Ils ont permis à notre armée de faire un bond. C’est même grâce à eux que nous tenons toujours », reconnaît un officier malien.

« Cela alimente la propagande »

Atout militaire, les drones sont aussi devenus un outil politique. Ils servent le discours souverainiste des juntes sahéliennes et incarnent la « montée en puissance » de leurs armées. Aux journaux des télévisions nationales malienne et burkinabée, il n’est pas rare de voir des images de frappes de ces appareils en opération, accompagnées de commentaires triomphalistes.


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Une frappe aérienne menée par l’armée malienne et diffusée à la télévision nationale le 14 septembre 2024, géolocalisée par « Le Monde » à Zarho, au centre du Mali.

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« Cela alimente la propagande des autorités sur notre superpuissance supposée avec des armes de dernière technologie. Mais la réalité est toute autre. Elles ne contrôlent pas la situation sécuritaire, comme l’a montré le double attentat [qui a fait au moins 80 morts] en plein cœur de Bamako le 17 septembre », tacle un opposant malien sous le couvert de l’anonymat. Le Niger voisin, dernier arrivé dans le club des putschistes sahéliens, en juillet 2023, a aussi largement recours à ces aéronefs armés sans pilote.

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