En Afrique du Sud, la revanche de Jacob Zuma

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A 82 ans passés, on le croyait devenu insignifiant. Mis en minorité au sein du Congrès national africain (ANC) après une décennie de toute-puissance, forcé à une démission humiliante de la présidence sud-africaine en 2018, rattrapé par la justice et même jeté en prison, Jacob Zuma semblait écrasé sous le poids des charges qui se sont abattues sur lui ces dernières années. Tout juste guettait-on encore ses apparitions devant les tribunaux pour entendre l’un des bons mots dont il a le secret.

Mais le « chat », le « survivant », le « président en Teflon », comme l’a surnommé tour à tour la presse, a passé sa vie à faire mentir ceux qui croyaient avoir triomphé de lui. Jacob Zuma apparaît indéniablement comme le grand gagnant de l’élection qui s’est jouée le 29 mai. Avec 14,5 % des voix réunies autour de sa seule personne, il s’impose comme l’homme politique le plus populaire d’Afrique du Sud, malgré sa responsabilité dans les scandales qui ont ébranlé le pays ces dernières années, au regard des conclusions de la commission d’enquête tentaculaire qui a passé son mandat au crible. Une fois de plus, il a déjoué les pronostics. C’est sa marque de fabrique.

L’histoire de Jacob Zuma est d’abord celle de l’ascension d’un gamin autodidacte d’origine modeste, élevé dans une bourgade rurale de la région du Kwazulu-Natal (alors Zululand) par une mère veuve. A 17 ans, il rejoint l’ANC puis sa branche armée, Umkhonto we Sizwe, « le fer lance de la nation » – nom dont il baptisera également son parti en décembre 2023 –, pour prendre part à la lutte contre le régime d’apartheid. Condamné à dix ans de prison en 1963, il prend la route de l’exil à sa libération et devient le responsable des services de renseignement de l’organisation. Après les premières élections libres, en 1994, il se hisse au sommet de l’ANC avant d’être nommé vice-président de l’Afrique du Sud en 1999.

L’année 1999 est également celle du tristement connu « Arms Deals », un contrat d’armement massif avec divers pays européens, dont la signature est rapidement ternie par des soupçons de corruption qui visent notamment Jacob Zuma. En 2005, ils lui valent d’être démis de ses fonctions de vice-président par le président Thabo Mbeki après la condamnation de son « conseiller financier », Schabir Shaik, reconnu coupable, entre autres, d’avoir sollicité le paiement d’un pot-de-vin en sa faveur auprès de la compagnie française d’armement Thomson-CSF (devenu Thales).

Déjà, ce limogeage divise l’ANC où Jacob Zuma jouit de solides appuis. Déjà, l’impartialité des juges à son égard est remise en cause. Et très vite, les poursuites sont abandonnées. Jacob Zuma fourbit ses armes et revient donner le coup de grâce à Thabo Mbeki. En 2007, il lui arrache la présidence de l’ANC avant de devenir à son tour président de la République, deux ans plus tard.

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