Zémio, Mboki, Obo, Bambouti… Bourgade après bourgade, durant le mois de mai, les Forces armées centrafricaines (FACA) ont repris pied dans les localités situées sur le ruban routier de latérite bordant, dans l’extrême sud-est de la Centrafrique, la République démocratique du Congo (RDC) jusqu’aux confins du Soudan du Sud. Cela faisait plusieurs années que cette région du Haut-Mbomou était entre les mains de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), l’un des multiples mouvements armés résiduels de la Séléka, la grande rébellion du début des années 2010.
A 1 300 kilomètres de là, les soldats centrafricains ont défilé, le 22 mai, acclamés par la population, dans les rues de Sido (Nord), porte d’entrée vers le Tchad, fermée depuis dix ans et que l’armée avait également désertée. Si, à Bangui, on se félicite de ce redéploiement des forces de sécurité nationales, on n’oublie pas de rappeler, à l’instar du ministre de la communication, Maxime Balalou, que « sans l’intervention [des] alliés russes, rien de cela n’aurait été possible ».
« La manière forte et brutale »
Un diplomate européen l’admet à contrecœur : « Il subsiste des poches d’insécurité aux confins du pays, mais globalement, la manière forte et brutale utilisée par les mercenaires russes du Groupe Wagner a porté ses fruits et permis de reprendre le contrôle des agglomérations. » « Les groupes armés centrafricains ont quitté les préfectures et se sont dispersés en zone rurale », observe Paul Crescent Beninga, porte-parole du Groupe de travail de la société civile de Centrafrique.
Certains chefs de guerre ont joué le jeu de l’accord de paix de Khartoum porté début 2019 par Moscou. Ils ont déposé les armes, parfois pour entrer au gouvernement. D’autres, tel Ali Darassa, rebelle de longue date, naviguent entre le Soudan et le Tchad. Mais surtout, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) est moribonde.
Regroupement des milices – chrétiennes ou musulmanes – les plus puissantes du pays, elle promettait de déloger du pouvoir le président Faustin-Archange Touadéra et de chasser les Russes du pays. Son principal instigateur, l’ancien chef de l’Etat François Bozizé (2003-2013), vit depuis quatorze mois en exil forcé en Guinée-Bissau, sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
En 2021, l’offensive de la CPC aux portes de Bangui s’était brisée sur une ligne de défense inédite composée, indépendamment, de mercenaires russes de la société militaire privée Wagner et de forces spéciales rwandaises appelées à la rescousse dans le cadre d’un accord bilatéral. Ainsi repoussés aux frontières ou dans la profondeur des forêts, les rebelles n’ont pu empêcher le redéploiement progressif des FACA et de leurs alliés russes.
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