En Chine, la colère monte chez les retraités après la baisse de leur assurance-maladie

En Chine, à Wuhan (Hubei, Centre-Est), le 22 janvier.

Evénement extrêmement rare en Chine : un certain nombre de retraités – « des milliers », selon le site Radio Free Asia (RFA), des « centaines », selon d’autres sources – ont manifesté, mercredi 8 février, devant le siège du gouvernement provincial à Wuhan (Hubei, Centre-Est), pour protester contre la baisse de leur couverture maladie. Un mouvement social, certes d’ampleur limitée à l’échelle du pays – et même de cette ville de onze millions d’habitants, dont près de deux millions de retraités –, mais significatif des défis auxquels va être confrontée la Chine vieillissante dans les décennies à venir.

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Retraités pour une grande partie d’entre eux de l’entreprise sidérurgique Wuhan Iron & Steel, ils protestent, selon une vidéo postée en ligne, contre la baisse de la prime d’assurance-maladie qu’ils perçoivent tous les mois pour leurs frais médicaux, passée de 260 yuans à 88 yuans, voire 82 yuans (soit d’environ 35 euros à 12 euros, voire 11 euros).

En Chine, les salariés et les employeurs cotisent à une assurance-maladie (dont le taux peut varier selon les régions et les industries). Une partie de ces recettes est placée sur un compte individuel et l’autre partie sur un compte collectif. Les retraités ne cotisent plus mais continuent à percevoir cette part individuelle qui leur permet de payer leurs soins courants sans avoir à avancer l’argent.

C’est cette somme qui vient d’être amputée sans qu’ils aient été avertis. Selon un témoignage recueilli par RFA, les retraités ont annoncé vouloir manifester de nouveau le 15 février, s’ils n’obtiennent pas satisfaction d’ici là. Selon le site, la police a tenté de dissuader des personnes âgées de se rendre à la manifestation.

La politique zéro Covid a aggravé la situation

Cette crise est révélatrice des tensions que connaît le système d’assurance-maladie. Certes, plus de 95 % des Chinois sont désormais couverts et, selon la Banque mondiale, la part des dépenses de santé à la charge des assurés a nettement diminué, passant de 64 % en 2000 à 35 % en 2019. Mais comme, parallèlement, le coût des dépenses explose, les Chinois doivent, malgré tout, payer de plus en plus pour y accéder.

En 2019, chaque Chinois a dépensé, en moyenne, 300 dollars (280 euros) de sa poche pour se faire soigner, contre 100 dollars vingt ans plus tôt. Par ailleurs, la politique zéro Covid a aggravé la situation, contraignant les provinces et les régions à dépenser énormément d’argent pour les tests et la politique de confinement. Certaines villes ont vu leur « budget Covid-19 » dépasser le montant de leur budget santé. Elles doivent donc maintenant faire des économies.

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