
Corinne Le Quéré, la présidente du Haut Conseil pour le climat, estime que la France n’a pas encore mis en place la stratégie d’ensemble nécessaire pour atteindre un « sursaut » dans son action climatique. L’Hexagone fait partie du « peloton » des pays qui sont parvenus à réduire leurs émissions depuis plus d’une décennie, mais n’est pas dans « les pays de tête ». Les principaux défis restent dans les transports et l’agriculture.
Eté le plus chaud en Europe, inondations meurtrières au Pakistan, sécheresse dramatique dans la Corne de l’Afrique… Quelle est votre réaction après une année 2022 marquée par des catastrophes climatiques en série ?
L’an dernier, nous avons passé une étape importante : il y a eu une prise de conscience que les changements climatiques sont là, que leurs conséquences sont très fortes et affectent l’ensemble des pays, pas seulement les plus pauvres. La France est particulièrement exposée, avec des vagues de chaleur, des sécheresses, des incendies, des pluies intenses. Le lien se fait désormais entre les activités humaines et le changement climatique, ce qui a suscité une forte inquiétude.
Cet article est tiré du « Bilan du Monde », 2023. Ce hors-série est en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.
Pourtant, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter dans le monde…
Les émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre, continuent effectivement de s’accroître mais à un rythme ralenti par rapport à la décennie 2000-2010. On est autour de + 0,5 % par an, contre + 3 % auparavant. On reste loin de la baisse d’émissions profonde et régulière dont on a besoin pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais, en même temps, on commence à voir l’impact des politiques publiques, des accords internationaux, de la chute des prix des énergies renouvelables et des technologies vertes. Près de 3 000 lois et mesures sur le climat ou sur l’énergie ont été adoptées dans le monde, et leur nombre augmente très rapidement. Cela donne de l’espoir.
Ces évolutions laissent-elles entrevoir un pic des émissions prochainement ?
Ce n’est pas garanti. Malgré toutes les crises que l’on traverse en ce moment − la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et les tensions internationales −, les pays restent mobilisés sur le climat. Mais si on reste dans le statu quo, s’il n’y a pas d’efforts supplémentaires, on n’ira pas vers une diminution des émissions.
En France, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 0,6 % au premier semestre 2022, alors qu’il faudrait atteindre − 4 % sur l’ensemble de l’année. Est-ce inquiétant ?
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