en Irlande, le XV de France à l’assaut de son « pic de l’année »

En Irlande, Antoine Dupont et ses partenaires aspirent à prolonger leur série de victoires.

Elle en a la saveur, l’attrait et le fumet, mais attention : ceci n’est pas une finale. Déjà, parce que la formule du Tournoi des six nations, plus ancienne des compétitions internationales de rugby, ne prévoit pas de phase finale. « Mon Dieu, mais non ! Ce n’est que le deuxième match d’un Tournoi des six nations », a insisté cette semaine l’ailier irlandais James Lowe. Samedi 11 février, à Dublin, l’Irlande reçoit la France (15 h 15, heure de Paris) pour la deuxième rencontre du Tournoi 2023 et un match au sommet du rugby mondial. « Dans le Tournoi, pas un match n’est pas une finale, énonce le sélectionneur français Fabien Galthié. Mais celui-là… c’est notre pic de l’année… pour le moment. »

Après avoir battu l’Italie, dans la douleur, une semaine plus tôt (29-24), au terme d’une « performance mitigée », l’équipe de France masculine de rugby aspire à hausser le ton en Irlande. « On est un peu sous pression, exposait le troisième ligne tricolore Thibaud Flament, dans les travées du Stade olympique de Rome, dimanche. On affronte les numéros 1 mondiaux. Il faut donc que l’on corrige tout ce qui a pêché face à l’Italie ». A commencer par l’indiscipline des troupes bleues – 18 pénalités concédées, un « record » sous l’ère Galthié –, ayant poussé l’entraîneur de la défense française, Shaun Edwards, à présenter ses excuses à l’arbitre d’Italie-France. « Notre discipline n’a pas été assez bonne, on s’est surengagés », a écrit mardi le technicien anglais dans sa chronique hebdomadaire au Daily Mail.

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« La discipline est un point fort chez nous »

Jeudi, à l’heure d’annoncer la composition du XV de France – inchangée par rapport au premier match du Tournoi, contre l’Italie –, Fabien Galthié s’est voulu rassurant. « On a travaillé sur les points d’amélioration, sans considérer ça comme un point faible, car la discipline est un point fort chez nous », a insisté l’entraîneur. Ses troupes ayant enchaîné trois semaines de préparation, notamment physique, afin de débarquer à Dublin dans une forme optimale, le technicien tricolore a insisté sur la montée en puissance de son équipe.

Tout n’a pas été parfait à Rome, mais les Français ont poussé à quatorze leur série de succès de rang – un record pour les Bleus. Pourtant, les partenaires d’Antoine Dupont débarquent à Dublin en endossant le costume du challenger. Car le nombre de victoires consécutives de l’Irlande dans son antre de l’Aviva Stadium est douze – leur record. Nouvelle-Zélande, Australie, Angleterre, Afrique du Sud… depuis deux ans, toutes les nations majeures du rugby ont mordu la poussière sur la pelouse du XV du Trèfle. Dernière équipe à s’être imposée à Dublin ? Dupont et compagnie, il y a deux ans, au terme de « l’un des matchs les plus rudes que j’aie disputés », exprimait alors le troisième ligne Charles Ollivon (15-13 en faveur des Bleus).

Une rencontre disputée, conséquences de la pandémie liée au Covid-19 obligent, devant des gradins vides. Et samedi, la bouillante enceinte dublinoise devrait faire le plein, pour pousser les joueurs du XV du Trèfle à prolonger leur série d’invincibilité – tout en mettant un terme à celle des Bleus. D’autant que ces derniers, version Galthié, ont des airs de bête noire des hommes en vert. « Ça fait trois ans que [les Irlandais perdent] contre la France, il y a deux ans on gagne chez eux, ils ont toute la motivation pour être prêts ce week-end, a observé le troisième ligne Grégory Alldritt cette semaine, impatient de croiser le fer. Ils annoncent un stade avec une ambiance qui va être folle, tous les ingrédients sont réunis pour que ce soit un match mémorable. »

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Dans cette rencontre entre deux poids lourds du rugby mondial, qui pourraient également se croiser lors des phases finales de la Coupe du monde, le XV du Trèfle entend démontrer ses progrès, incessants depuis sa prise en main par l’Anglais Andy Farrell. Successeur du Néo-Zélandais Joe Schmidt en 2019, le père de l’actuel capitaine du XV de la Rose, Owen Farrell, « a su s’appuyer sur les forces du rugby irlandais, un jeu offensif millimétré », a salué Fabien Galthié.

Une équipe composée à 90 % de joueurs du Leinster

Le capitaine irlandais Jonathan Sexton, lors d’un match opposant son équipe aux All Blacks, le 9 juillet 2022 à Dunedin, en Nouvelle-Zélande.

« Cette équipe maîtrise son rugby à la perfection depuis des années, a évoqué cette semaine le demi d’ouverture Romain Ntamack, interrogé par l’AFP. Ils jouent ensemble depuis très longtemps : à 90 %, elle est composée de joueurs du Leinster, ils sont ensemble toute l’année donc, forcément, ils ont les automatismes, ils se connaissent par cœur. Ils sont forts dans tous les secteurs de jeu, ils ont très peu de faiblesses, voire aucune. »

Si la place de numéro un mondial, en jeu samedi et qui reviendra au vainqueur de la partie, a moins d’importance au rugby que dans d’autres sports – comme le tennis –, les deux équipes aspirent à remporter le bras de fer. Et rivalisent d’éloges avant de s’entrechoquer sur le pré. « [Les Français] ont une sacrée puissance de feu, (…) avec des joueurs capables de faire trembler la plupart des équipes, a évoqué l’ailier James Lowe, auteur d’une performance majuscule lors de la large victoire de l’Irlande au pays de Galles (34-10). C’est une équipe de classe mondiale. » Côté tricolore, Fabien Galthié parle, lui, de « l’un des plus beaux adversaires que l’on a à affronter depuis trente-deux matchs » – durée de son mandat.

Samedi, ces échanges d’amabilités devraient laisser leur place à des chocs un brin plus rugueux. Et le XV de France a conscience de s’aventurer en haute altitude, bien plus haut que le Carrauntoohil (1 038 mètres), point culminant de la Verte Erin. En cette année de Coupe du monde, bien négocier le premier « pic de l’année », comme l’a tourné leur sélectionneur jeudi, permettra de songer à d’autres sommets. « Qui va nous empêcher de rêver ? » a conclu Fabien Galthié. Même si ce n’est pas une finale, quinze hommes vêtus de vert et 51 700 supporteurs fervents se verraient bien dans ce rôle.

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Irlande-France, samedi 11 février, (15 h 15 heure de Paris), sur France 2 et en direct sur Le Monde.fr

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