
Des dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté samedi 11 février à Tel-Aviv et dans d’autres villes du pays, pour la sixième semaine consécutive, contre la réforme judiciaire menée par le gouvernement du premier ministre Benjamin Nétanyahou. La foule compacte brandissait une marée de drapeaux israéliens bleu et blanc, parsemée de drapeaux arc-en-ciel de la communauté LGBT + et palestiniens. Une première lecture de certaines des dispositions controversées de la réforme, visant à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats, est prévue lundi à la Knesset, le Parlement israélien. Les dirigeants du mouvement ont appelé à une grève le même jour.
Déjouant les prévisions selon lesquelles l’annonce de cette grève détournerait une partie des manifestants des rassemblements devenus habituels du samedi soir, les Israéliens ont manifesté plus nombreux que les semaines précédentes, a constaté une journaliste de l’Agence France-presse. Pour la première fois depuis le début du mouvement en janvier, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés à Efrat, une colonie israélienne de Cisjordanie occupée.
Procès pour corruption
Les médias israéliens ont fait état d’environ 50 000 manifestants à Tel-Aviv, jusqu’à 75 000 selon le quotidien Haaretz (gauche), environ 10 000 à Haïfa et 4 000 à Jérusalem, devant la résidence de M. Nétanyahou. A Tel-Aviv, une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes de l’attentat de vendredi à Jérusalem-Est, dans lequel trois Israéliens, dont deux enfants, ont trouvé la mort.
« Le procès de Nétanyahou est la raison de tout. Il essaye par tous les moyens d’affaiblir le pouvoir judiciaire pour échapper à son procès », estimait Neta Keren-Tal, une mère de famille travaillant dans le domaine médical, en allusion au procès en cours du premier ministre pour corruption dans plusieurs affaires.
Le gouvernement mis sur pied fin décembre 2022 par M. Nétanyahou, qui a adossé le Likoud (droite) à des alliés religieux et d’extrême droite, est considéré comme un des plus à droite de l’histoire d’Israël. Les propositions de la coalition limiteraient considérablement la capacité de la Cour suprême à invalider des lois et des décisions du gouvernement. Une clause permettrait à la Knesset de légiférer à nouveau sur des lois invalidées avec une majorité simple de 61 voix. La réforme prévoit également de modifier le système de nomination des juges en donnant plus de poids au pouvoir politique.