
Dans une mer de drapeaux bleu et blanc, de nombreux manifestants contre le projet de réforme du système judiciaire israélien se sont réunis, lundi 13 février, à Jérusalem devant la Knesset, le Parlement israélien. Brandissant des pancartes « Sauvons la démocratie israélienne » ou « Pays en faillite morale », ils s’opposent à un projet de loi de réforme du système judiciaire susceptible d’augmenter l’emprise du pouvoir politique sur la justice.
En l’absence de chiffres de la police, les médias israéliens ont estimé la foule à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Cette mobilisation, forte à l’échelle d’Israël, est doublée d’un appel à la grève. Elle s’inscrit dans un mouvement de protestation qui dure depuis des semaines : chaque samedi soir, des manifestants, principalement à Tel-Aviv, mais aussi à Jérusalem ou Haïfa (nord d’Israël), marchent contre le projet de loi présenté début janvier par le gouvernement.
Ce dernier, considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, est issu d’une alliance entre le parti du premier ministre Benyamin Nétanyahou, le Likoud (droite), et des formations religieuses et d’extrême droite. Son texte prévoit d’accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats et de limiter considérablement la capacité de la Cour suprême – considérée comme politisée par le gouvernement – à invalider des lois et des décisions du gouvernement.
Une réforme vue comme antidémocratique
Une clause « dérogatoire » permettrait ainsi à la Knesset d’annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême. Alors que le premier ministre israélien est jugé pour corruption dans plusieurs affaires, la réforme pourrait, si elle est adoptée, être utilisée pour casser une éventuelle condamnation, avancent ses détracteurs.
La commission des lois de la Knesset a commencé, non sans tensions, à voter certaines dispositions du texte lundi 13 février, ouvrant la voie à un vote en première lecture. « Honte, Honte », ont scandé les députés de l’opposition présents. Une vidéo de la chaîne parlementaire a montré trois députés, dont deux qui s’étaient assis par terre, alpagués par des gardes et conduits vers la sortie.
Dimanche soir, le président israélien, Isaac Herzog, avait pourtant tenté de calmer la situation, en appelant au dialogue dans un discours télévisé. « Il est possible de parvenir à un consensus », a-t-il estimé, proposant de suspendre le processus législatif en cours afin de mener des discussions entre les différentes parties.
Toutefois, après cette allocution, le ministre de la justice a refusé de retarder les débats, tout en se disant prêt à mener des pourparlers avec l’opposition. La réponse de celle-ci est restée tout aussi ferme : le combat contre la réforme « ne cessera pas », a affirmé sur Twitter le chef de l’opposition, Yaïr Lapid. « Il y a urgence. Nous ne laisserons pas détruire l’Etat d’Israël », ont déclaré les chefs des partis de l’opposition.