La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) a pris le contrôle d’une ville stratégique dans le conflit qui l’oppose aux forces gouvernementales dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé samedi 29 juin à l’Agence France-Presse (AFP) un responsable administratif. « Kanyabayonga est entre les mains du M23 depuis (…) vendredi soir. C’est une désolation totale, la population est fatiguée », a déclaré ce responsable s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
Située à une centaine de kilomètres au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu elle-même encerclée par les rebelles soutenus par le Rwanda. Kanyabayonga est considérée comme un verrou contrôlant vers le nord les accès aux villes de Butembo et Beni, fiefs de l’importante tribu Nande et grands centres commerciaux du pays.
La ville compte plus de 60 000 habitants, auxquels se sont ajoutés ces derniers mois des dizaines de milliers de déplacés. Un habitant a dit à l’AFP que le M23 avait demandé aux habitants de rester à Kanyabayonga lors d’une réunion samedi dans le centre de la ville animée par un porte-parole de la rébellion, Willy Ngoma. « Ils vont arriver jusqu’à Kinshasa, nous allons continuer à fuir jusqu’où ? », s’est interrogé cet habitant sous le couvert de l’anonymat, ajoutant que les rebelles leur « promettent la paix ».
De nombreux déplacés
« Il y a un afflux de déplacés en provenance de Miriki, Kirumba et Luofu vers le nord. C’est une situation qui nous inquiète », a commenté le colonel Alain Kiwewa, administrateur militaire du territoire de Lubero. Les combats s’étaient intensifiés vendredi entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23 dans le secteur de Kanyabayonga, située sur le front nord du conflit.
Les habitants vivant en périphérie de Kanyabayonga ont également fait part de combats. « Toute la nuit, les balles ont retenti ici à Kayna », située à 17 kilomètres au nord de cette ville, a dit l’un d’entre eux. « On ne sait plus à quel saint se vouer. »
A Kirumba, la deuxième plus grande agglomération située à 25 kilomètres de Kanyabayonga, un responsable de la société civile a déclaré à l’AFP : « La population est dans la psychose. Les militaires sont en train de partir. Nous, on ne va plus bouger, nous irons jusqu’où ? On ne sait plus où aller. »
Le M23, actif depuis fin 2021, avait progressé fin mai vers Kanyabayonga, dans le territoire de Lubero, quatrième territoire du Nord-Kivu vers lequel la rébellion avance ses pions (après ceux de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi), en plus de ses velléités d’avancer vers le sud, vers la province du Sud-Kivu. Certains de ses hommes étaient alors entrés dans les faubourgs de la ville, mais avaient été repoussés par l’armée.
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