Le président de la République démocratique du Congo (RDC) a avancé devant le Parlement, mercredi 11 décembre, l’idée d’une « réforme constitutionnelle », l’opposition dénonçant depuis des semaines une manœuvre du chef de l’Etat pour tenter de rester au pouvoir. Félix Tshisekedi, 61 ans, a été réélu en décembre 2023 pour un second et dernier mandat avec plus de 73 % des voix. La Constitution prévoit que le président est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Cet article dit « verrouillé » ne peut faire l’objet d’aucune modification.
Stature haute et silhouette massive, le chef de l’Etat est entré mercredi à la mi-journée, sous les chants et les applaudissements des militants de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), dans la salle de congrès du Palais du Peuple, siège du Parlement, à Kinshasa. « Il est peut-être temps d’engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique », a-t-il déclaré dans son discours annuel sur l’état de la Nation.
Au terme de son allocution, retransmise en direct à la télévision nationale et qui a duré près de deux heures, M. Tshisekedi a invité le pays à « une réflexion sincère pour bâtir un cadre institutionnel plus adapté aux réalités et aux aspirations [du] peuple ».
« Coup d’Etat constitutionnel »
Depuis plusieurs semaines, le chef d’Etat fait avancer cette idée, haranguant des foules de milliers de soutiens lors de visites dans plusieurs villes du pays. « Personne ne va changer ma position sur la révision ou le changement de la Constitution », a-t-il notamment lancé le mois dernier à Lubumbashi (Sud-Est) à destination d’une opposition qui dénonce un « coup d’Etat constitutionnel » et accuse Tshisekedi de vouloir briguer un troisième mandat. Les principaux opposants ont promis des « manifestations citoyennes à travers tout le pays ».
En RDC, toute modification de la Constitution doit être approuvée par référendum sur convocation du président de la République, sauf si le projet est approuvé à la majorité des trois cinquièmes du Parlement. En 2015, des manifestations contre une loi électorale susceptible de permettre à l’ex-président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de deux mandats avaient fait des dizaines de morts.