En Tanzanie, des dirigeants de l’opposition arrêtés avant une manifestation prévue

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L’un des principaux dirigeants de l’opposition en Tanzanie, Tundu Lissu, et deux figures de son parti Chadema, ont été arrêtés par la police avant une manifestation prévue lundi 12 août, a annoncé un responsable de Chadema.

Tundu Lissu, John Mnyika, le secrétaire général du parti, et Joseph Mbilinyi, un chanteur populaire et ancien candidat à la députation, ont été appréhendés dans la ville de Mbeya, dans le sud-ouest du pays, où Chadema devait organiser un rassemblement à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, a indiqué à l’AFP John Mrema, directeur de la communication du parti d’opposition.

Il a précisé qu’environ 500 jeunes sympathisants avaient également été interpellés par la police alors qu’ils se rendaient au rassemblement, avant d’être reconduits chez eux.

La police avait annoncé dimanche l’interdiction du rassemblement prévu du mouvement de la jeunesse du parti, en invoquant des risques de manifestations violentes. Le parti avait déclaré qu’environ 10 000 jeunes devaient se réunir à Mbeya pour célébrer la Journée internationale de la jeunesse sous le slogan « Prenez en charge votre avenir ! ».

« Dictateur »

Le chef de Chadema, Freeman Mbowe, a « fermement » condamné ces arrestations. « Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous nos dirigeants, membres et sympathisants qui ont été arrêtés dans différentes régions du pays », a-t-il déclaré sur le réseau social X. « Le parti suit de près la situation et continuera d’informer le public de chaque évolution étape par étape », a-t-il poursuivi.

Tundu Lissu, figure de l’opposition dans le pays d’Afrique de l’Est, est rentré en Tanzanie en janvier 2023, après plus de cinq ans d’exil. Il avait pris cette décision quelques jours après l’annonce de la levée l’interdiction des meetings politiques d’opposition par la présidente Samia Suluhu Hassan.

Critique virulent du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM), Tundu Lissu était revenu brièvement en Tanzanie en 2020 pour concourir à l’élection présidentielle face au président John Magufuli, qu’il avait qualifié de « dictateur ».

La victoire du sortant avec un score officiel de 84 % des voix avait été contestée par l’opposition, qui avait appelé à manifester. Après le scrutin, Tundu Lissu avait reçu des menaces de mort et s’était alors réfugié chez des diplomates étrangers avant de pouvoir quitter le pays.

« Arrestations arbitraires »

Après la mort soudaine du président John Magufuli, surnommé le « bulldozer », en mars 2021, Samia Suluhu Hassan, qui lui a succédé, est revenue sur plusieurs des politiques les plus controversées de son prédécesseur et a promis des réformes réclamées de longue date par l’opposition.

Mais l’optimisme suscité par ces premières décisions avait été quelque peu douché par l’arrestation en juillet 2021 du président de Chadema, Freeman Mbowe, et de trois responsables du parti à Mwanza (ouest), où ils devaient participer à un rassemblement réclamant des réformes constitutionnelles.

« Malgré l’engagement pris par la présidente Samia Suluhu Hassan quant à la levée de restrictions imposées aux médias, les autorités tanzaniennes ont continué à restreindre le droit à la liberté d’expression, notamment en procédant à des arrestations arbitraires de journalistes et de détracteurs du gouvernement », a critiqué l’ONG Human Rights Watch.

Le Monde avec AFP

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