A environ une heure et demie de route de Kiev, l’unité s’arrête au milieu des champs, sur un chemin de terre, au point de rendez-vous transmis quelques minutes auparavant. Le major « Kansas » et ses hommes sont des soldats en mouvement. « L’armée russe vise surtout nos postes de commandement et nos stations radars. Nous, les unités mobiles, ça va, ils n’ont pas le temps de nous repérer », raconte Kansas. L’unité du 1129e régiment de défense antiaérienne « Bila Tserkva » (du nom d’une ville de la région de Kiev) fait partie des anges gardiens de la capitale, ceux qui traquent chaque jour les avions et les missiles russes dans le ciel ukrainien.
L’armée de Moscou a effectué, vendredi 10 février, une nouvelle attaque aérienne d’ampleur contre des villes d’Ukraine. Selon l’état-major, 71 missiles de croisière, 31 missiles sol-sol et sept drones kamikazes ont visé le territoire. Si 61 missiles de croisière et cinq drones ont été abattus en vol, Zaporijia (sud) et Kharkiv (nord-est) ont notamment été touchées. Des sites énergétiques ont été frappés dans six régions. Au-dessus de Kiev, « 10 missiles ont été abattus », a affirmé le maire de la capitale, Vitali Klitschko, indiquant qu’il y a tout de même eu « des dégâts sur le réseau électrique ».
Un message politique
Les attaques aériennes russes contre les villes et les infrastructures civiles font partie, depuis la vague de bombardements le 10 octobre 2022, de la stratégie hivernale de l’armée russe. A l’époque, Moscou venait d’enregistrer deux défaites cuisantes sur le champ de bataille, avec les reconquêtes d’Izioum, puis de Lyman, dans le nord-est du pays, par les forces ukrainiennes. Depuis quatre mois, ces salves de missiles se succèdent à intervalles réguliers, et des millions d’Ukrainiens sont privés d’électricité et de chauffage. Les attaques sont aussi parfois un message politique. Tandis que la dernière salve tirée contre Kiev intervenait après l’annonce par l’Allemagne d’un accord sur des livraisons de tanks, l’attaque de vendredi a eu lieu au lendemain d’une tournée européenne du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui a exhorté ses alliés à lui fournir des missiles à longue portée et des avions de combat.
« Kiev est une ville presque sûre maintenant, même si aucun système antiaérien ne peut intercepter toutes les cibles », dit un officier du 1129e régiment
A Kiev, les alertes antiaériennes ont retenti à diverses reprises vendredi, d’abord dans la nuit, puis de nouveau dans la matinée. Comme d’habitude, certains habitants se sont rués vers des abris, notamment les stations de métro, tandis que d’autres ont continué à vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était. A la gare centrale de Kiev, seule la fermeture durant quelques heures du hall d’entrée trahissait une certaine nervosité. En dehors de cela, les voyageurs continuaient de déambuler sur le parvis, et les trains venant de Pologne d’arriver à l’heure.
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