La santé des Français dépend de facteurs multiples individuels et collectifs mais les connaissances acquises au cours des quinze dernières années et analysées dans un récent rapport du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) montrent que l’impact des expositions multiples aux polluants chimiques de l’environnement joue un rôle majeur sur la santé des populations.
L’enquête de biosurveillance de Santé publique France sur l’imprégnation des Français par une centaine de molécules chimiques dont des pesticides, des perturbateurs endocriniens et des métaux met en évidence que toute la population, et en particulier les enfants, est contaminée par des molécules comme les phtalates, les retardateurs de flamme, par des insecticides dont les pyréthrinoïdes et par des métaux comme le cadmium.
Les études épidémiologiques mettent en avant la baisse de la fertilité masculine, l’augmentation du nombre des cancers des testicules et du sein, ainsi que des pubertés précoces chez les filles et un probable effet des polluants environnementaux sur les pathologies neurodégénératives comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson.
Impacts sanitaires avérés
D’autres constats concernent les impacts sanitaires de la pollution atmosphérique, des contaminants des milieux intérieurs et des sols pollués. Ils ont conduit les experts du domaine de la santé environnementale, réunis dans un séminaire au ministère de la santé le 11 janvier, à lancer une alerte pour un bond en avant dans sa prise en compte dans les politiques publiques.
D’ailleurs, en matière de perception des risques par la population, un sondage, non encore publié, réalisé en 2022 par le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur les perturbateurs endocriniens montre que 71 % des personnes interrogées considèrent que la principale mesure à adopter est de favoriser le développement de produits sans perturbateurs endocriniens.
De très mauvais signes viennent de l’Union européenne où le règlement Reach (Registration, Evaluation, Authorization and Restriction of Chemicals) sur l’évaluation des dangers et des risques des produits chimiques et la mise en place de la stratégie « zéro pollution » du Green Deal a été reportée à la fin 2023. Cette stratégie est nécessaire, non seulement pour la santé des Européens mais aussi des écosystèmes. Si cette révision ne se faisait pas, ou était à nouveau reportée sine die, il s’agirait d’un échec pour sa mise en œuvre en France, notamment pour la protection de la population par rapport à des substances toxiques ayant des impacts sanitaires avérés ou suspectés.
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