« Je suis un être humain, en plus d’être une femme politique »

La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, lors d’une conférence de presse, à Edimbourg, le 15 février.

Coup de théâtre dans la politique écossaise. Nicola Sturgeon, première ministre depuis huit ans, après avoir été vice-première ministre pendant sept ans, a annoncé sa démission mercredi 15 février. Alors que son mandat courait jusqu’en 2026, elle quittera son poste dès qu’un successeur sera nommé.

La surprise est totale. Malgré une période très agitée ces dernières semaines, Mme Sturgeon restait la leader indiscutée de la politique, la plus populaire, devançant tous ses rivaux et opposants ; et son parti, le Scottish National Party (SNP), est très largement en tête dans les sondages. Simplement, elle estime n’avoir plus l’énergie et l’enthousiasme nécessaires pour continuer.

Tailleur rouge, émotion retenue, la première ministre écossaise a choisi de mettre avant tout des raisons personnelles pour annoncer devant la presse, mercredi, sa décision de partir. « Donner toute son énergie à ce poste est la seule façon de le faire. Le pays le mérite. Mais la vérité est qu’une même personne ne peut pas faire cela trop longtemps. Pour moi, le risque est que ça devienne trop long. Une première ministre ne s’arrête jamais, particulièrement en cette ère où il n’y a virtuellement aucune vie privée. Même des choses qui paraissent évidentes, comme prendre un café avec des amis ou aller marcher seul, deviennent très difficiles. »

Nicola Sturgeon dénonce aussi la « brutalité » de la vie politique moderne, une critique qui fait écho à la démission de Jacinda Ardern, la première ministre de Nouvelle-Zélande, qui a elle aussi quitté prématurément ses fonctions le 19 janvier, en affirmant « ne plus en avoir assez dans le réservoir ».

Un projet contesté

Voilà « quelques semaines » que Mme Sturgeon affirme avoir commencé à avoir des doutes. « J’aurais pu continuer quelques mois, six mois, un an peut-être, mais avec le temps, j’aurais eu moins d’énergie à offrir à ce travail. Je dois à mon pays de le dire maintenant. » La veille, mardi, les funérailles d’un vétéran de la lutte d’indépendance, Allan Angus, décédé à 89 ans, où elle se trouvait en compagnie d’un grand nombre de militants du Scottish National Party, le parti qu’elle dirige, semble l’avoir convaincue de franchir le pas. « Je suis un être humain, en plus d’être une femme politique. »

Politiquement, les dernières semaines ont été particulièrement difficiles pour la première ministre. Elle a fait passer une loi destinée à faciliter l’acquisition par des personnes trans d’un certificat de reconnaissance de genre. Dans sa majorité, la population écossaise ne soutenait pas le projet. Le débat houleux a pris la forme d’un scandale avec la décision – bloquée au dernier moment – d’enfermer dans une prison pour femmes un homme condamné pour viols, mais qui s’était déclaré femme. Par ailleurs, une enquête sur le financement du SNP, et le rôle de son mari, président du parti, est en cours. Nicola Strugeon balaie tout cela, rappelant qu’elle a fait face à de nombreuses autres crises par le passé.

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