La Côte d’Ivoire mise sur le concours de Miss France pour attirer les touristes français

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Direction la Côte d’Ivoire pour les trente aspirantes à la couronne de Miss France 2025. Pour la première fois dans l’histoire de ce concours de beauté, le voyage de préparation d’une semaine, prévu mi-novembre, se déroulera dans un pays africain. Un « honneur » pour le ministre ivoirien du tourisme, Siandou Fofana, conscient de l’exposition médiatique dont bénéficie cette élection.

S’il a prospecté auprès du comité Miss France pour le convaincre de séjourner dans son pays, c’est pour que des millions de Français puissent admirer, dit-il, « les merveilles naturelles et gastronomiques qui font de la Côte d’Ivoire une destination incontournable » lors de la vidéo de résumé du voyage des candidates. Celle-ci sera diffusée le 14 décembre durant la soirée de l’élection. En 2023, 7 millions de téléspectateurs ont ainsi admiré les paysages de Guyane, où s’était déroulé le séjour des miss.

Doubler le nombre de visiteurs

Une belle vitrine, donc, pour la Côte d’Ivoire, qui cherche à consolider ses bons résultats dans le tourisme d’affaires (42 % des motifs de voyage en 2021), tout en augmentant significativement la part des visiteurs en quête de loisirs (4,7 %). Lancé en 2019 et doté d’un budget de 4,8 milliards d’euros (2,3 milliards d’euros financés par l’Etat, le reste par des investisseurs privés), son plan touristique « Sublime Côte d’Ivoire » ambitionne de hisser le pays dans le top 5 des destinations touristiques africaines d’ici à fin 2025 et passer de 2 à 4 millions de visiteurs annuels.

La Côte d’Ivoire veut porter son secteur touristique à hauteur de 10 % de son PIB, contre 7 % en 2023, et créer 375 000 emplois. Des objectifs élevés, mais atteignables, selon le ministre du tourisme, dont le programme s’appuie sur une « stratégie des grands événements ».

Grâce à l’organisation de l’édition 2024 de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, la Côte d’Ivoire a accueilli en janvier et février 2 millions de supporters, affirme le ministre. L’événement sportif a été un accélérateur du développement des infrastructures dans les cinq villes hôtes de la compétition. Dans le nord du pays, la capacité d’hébergement de la ville de Korhogo a quadruplé, passant de 1 000 à 4 000 lits, selon les autorités. Au sud, les 353 km de la route du littoral la Côtière ont été rénovés, facilitant l’accès aux villes balnéaires comme San Pedro, deuxième port du pays, ou Grand-Béréby, proche de la frontière avec le Liberia.

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Si la CAN a surtout attiré des visiteurs du continent, la Côte d’Ivoire veut élargir son attractivité et cherche à séduire les vacanciers européens, notamment français, premiers visiteurs extra-africains (65 000 en 2019). L’Etat souhaite renouer avec le succès des années 1980, époque où des centaines de Français séjournaient chaque année au Club Med d’Assouindé (à 70 km à l’est d’Abidjan), là où fut tourné le film Les Bronzés, sorti en 1978.

Pour y parvenir, elle compte multiplier l’accueil d’événements à fortes retombées médiatiques, comme le voyage des miss, tout en développant des collaborations avec des acteurs du divertissement dans l’Hexagone, à l’instar du partenariat signé en août 2023 avec l’Olympique de Marseille. Durant trois saisons, les footballeurs du club de la cité phocéenne porteront des maillots floqués du logo « Sublime Côte d’Ivoire ».

« Une destination plus que fréquentable »

« Quand je lis dans la presse française que les miss vont se rendre dans un territoire paradisiaque, la Côte d’Ivoire, je me dis que nous sommes en train de réussir à changer notre image. Notre pays est redevenu une destination plus que fréquentable », se félicite Siandou Fofana. Huit ans après l’attentat de la station balnéaire de Grand-Bassam, qui avait fait seize morts le 13 mars 2016, et à un an de la prochaine élection présidentielle, le pays espère convaincre que les dangers sécuritaires sont derrière lui.

Pour Ninon Lamothe, directrice Afrique du cabinet de conseil Voltere, spécialisé dans le tourisme, d’importants progrès ont été réalisés dans le secteur ces dernières années. Mais un certain nombre de défis demeurent, comme la concentration de l’offre hôtelière à Abidjan (60 % des chambres du pays). En outre, le manque de circuits touristiques et le coût du transport aérien constituent des freins.

« L’Etat pourrait renforcer les partenariats avec les compagnies pour faire baisser les prix des billets. Le prix et les procédures de visa peuvent aussi repousser des voyageurs qui planifient leurs vacances au dernier moment » estime Ninon Lamothe, citant notamment l’exemple du Sénégal, qui exempte de visa les visiteurs originaires de nombreux pays d’Europe et d’Asie.

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Selon le rapport 2024 du Forum économique mondial sur le développement du tourisme et des voyages, la Côte d’Ivoire figure à la dix-huitième place des pays africains considérés comme les plus performants dans le secteur touristique mais elle est la seconde économie mondiale ayant le plus progressé dans ce domaine depuis 2019, avec une croissance de 6,4 %. Suffisant pour rattraper d’ici un an le Sénégal ou l’Afrique du Sud dans le classement africain ? « Quand on attire deux millions de touristes en un mois, on part avec une sacrée longueur d’avance », veut croire Siandou Fofana. 

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