La Finlande se prépare à adhérer à l’OTAN sans la Suède

Officiellement, la Finlande souhaite toujours adhérer à l’OTAN en même temps que son voisin suédois. D’abord, parce que les deux pays ont présenté leur candidature conjointement, le 18 mai 2022. Ensuite, pour des raisons de sécurité : Helsinki et Stockholm estiment qu’une adhésion simultanée aurait bien plus d’effet du point de vue de la défense régionale. Pourtant, face au refus d’Ankara de ratifier la candidature suédoise, les Finlandais se préparent désormais à adhérer seuls à l’Alliance atlantique.

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Mardi 14 février, les députés de la commission des affaires étrangères du Parlement finlandais ont fait le voyage à Stockholm pour informer leurs homologues suédois qu’ils s’apprêtaient à voter les lois qui permettront à leur pays de rejoindre l’OTAN, aussitôt que ses trente Etats membres auront ratifié le protocole d’adhésion de la Finlande. Vingt-huit l’ont déjà fait. Il ne reste plus que la Turquie et la Hongrie.

Au même moment, lors d’une réunion ministérielle à Bruxelles, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a ouvert la porte à une adhésion séparée, affirmant que « la question principale [n’était] pas de savoir si les adhésions de la Finlande et de la Suède [étaient] ratifiées ensemble, mais qu’elles soient toutes deux ratifiées dès que possible. »

Mercredi, alors que M. Stoltenberg annonçait un voyage surprise en Turquie afin d’apporter son assistance au pays après le tremblement de terre qui l’a frappé et rencontrer notamment le président Erdogan, il a indiqué qu’il lui « [demanderait] de ratifier les deux protocoles d’adhésion en même temps » « Mais il appartient à la Turquie de décider si elle veut ratifier les deux protocoles ou un des deux », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter : « Le plus important, c’est que la Finlande et la Suède deviennent bientôt membres de l’Alliance, et je vais faire pression pour cela. »

Obstruction de la Turquie

Ce changement de stratégie intervient dans un contexte de crise diplomatique entre Stockholm et Ankara, à la suite de l’autodafé du coran par l’extrémiste de droite Rasmus Paludan, devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, le 21 janvier. Depuis, le président Erdogan a fait savoir qu’il s’opposerait à la candidature suédoise, tant que Stockholm n’aurait pas interdit le blasphème.

Début janvier, le premier ministre conservateur suédois, Ulf Kristersson, en poste depuis octobre 2022, avait reconnu que les négociations avaient atteint une impasse : « Les Turcs confirment que nous avons fait ce que nous devions, mais ils disent aussi qu’ils veulent des choses que nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas leur donner », constatait alors M. Kristersson, faisant allusion notamment aux listes de ressortissants turcs soupçonnés par Ankara de terrorisme, dont M. Erdogan réclame l’extradition.

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