la guerre en Ukraine au menu des discussions

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, à Brasilia, le 27 janvier 2023.

Sur le papier, ces deux dirigeants ont tout, en théorie, pour s’entendre. Joe Biden et Luiz Inacio Lula da Silva sont unis par leur âge (respectivement 80 ans et 77 ans), leur camp politique (le centre gauche) et leur victoire contre l’extrême droite (face à Donald Trump et Jair Bolsonaro). L’Américain et le Brésilien dirigent des pays comparables, par leur taille et leur histoire. Leur première rencontre, vendredi 10 février à Washington, semble donc placée sous les meilleurs auspices.

Lire aussi : Election présidentielle au Brésil : la victoire de Lula suscite le soulagement des chefs d’Etat étrangers, de Macron à Biden

Pour sa venue à la Maison Blanche, Lula a prévu une délégation conséquente. Il sera accompagné de ses ministres des affaires étrangères, de l’économie, de l’environnement, ainsi que la première dame, « Janja ». Son agenda est chargé : outre l’entrevue avec Joe Biden dans le bureau Ovale, le président du Brésil doit s’entretenir avec son ami et sénateur de gauche Bernie Sanders, ainsi qu’avec plusieurs leaders syndicaux des Etats-Unis.

Une ombre plane sur ce beau tableau : la guerre en Ukraine. Le conflit qui se joue à près de 8 000 kilomètres de Washington devrait être au menu des discussions entre Lula et Biden. En cause : les positions controversées du président brésilien sur un sujet en passe de devenir une pierre d’achoppement dans sa relation avec les pays occidentaux.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Lula et la gauche brésilienne cultivent l’ambiguïté sur la guerre en Ukraine

Depuis le début du conflit, jamais Lula n’a envoyé de message de soutien au président Volodymyr Zelensky, pas plus qu’aux Ukrainiens. Tout en condamnant la violation du droit international, il n’a eu de cesse de s’attaquer à l’OTAN, accusée de « s’arroge[r] le droit d’installer des bases militaires dans les environs d’un autre pays ». La guerre pourrait facilement être résolue au Brésil « à table en prenant une bière », affirmait-il le 30 mars 2022, un mois après le début de l’invasion des troupes russes.

Point critique

Le point critique avait été atteint en mai 2022 dans un entretien au magazine Time. « Ce type est aussi responsable de la guerre que Poutine », déclarait alors Lula au sujet de Volodymyr Zelensky, soutenant qu’« une guerre n’a jamais un seul coupable ». Et d’ajouter : « On dirait qu’il fait partie d’un spectacle. Il est à la télé matin, midi et soir. (…) On devrait lui dire sérieusement : “Tu es un bon artiste, mais on ne va pas faire une guerre pour que tu puisses te donner en spectacle.” »

Ces déclarations ont révulsé les Ukrainiens et inquiété nombre d’Occidentaux. Depuis, Lula s’est montré plus mesuré mais n’a guère changé de ligne. Recevant fin janvier le chancelier allemand, Olaf Scholz, à Brasilia, le président du Brésil a annoncé son refus de fournir des munitions pour les chars allemands en Ukraine. « Le Brésil est un pays de paix », a éludé Lula, qualifiant l’invasion russe d’« erreur » mais ajoutant que la raison à l’origine de la guerre « rest (ait) à éclaircir ».

Il vous reste 55.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source