La maman orque choie ses fils adultes et en paye le prix

Les mères orques résidentes du Sud continuent d’aider leurs fils adultes.

Que ne ferait pas une mère pour le bien de ses petits ? La dévotion des éléphantes qui ne les lâchent pas d’une semelle, le courage des ourses qui les protègent contre la violence des mâles, l’abnégation des dauphins femelles pour leur apprendre à nager… Pour ne rien dire des soins apportés parfois tout au long de leur vie par les mères sapiens.

Pourtant, à ce petit jeu, la mère orque tient une place à part. Son attachement apparaît sans limite. On se souvient des images de Tahlequah qui, dix-sept jours durant, en août 2018, nagea en portant sur sa tête le corps de son bébé mort, se privant elle-même de toute alimentation. Une étude publiée mardi 8 février, dans Current Biology, vient de montrer, pour la première fois, que ce sens du sacrifice se poursuivait à l’âge adulte avec leurs fils.

Depuis plus de dix ans déjà, les chercheurs qui scrutent la fragile colonie des orques résidentes du Sud, le long de la côte ouest des Etats-Unis et du Canada, ont constaté que les mâles adultes ne cessaient de profiter de la dévotion maternelle. Non contentes de les guider vers les bonnes zones de pêche, elles leur cèdent une partie de leurs propres captures. « Mange, mon fils ! » Car ce sont les mâles qui profitent de l’essentiel de ces largesses. Michael Weiss, directeur de recherche au Center for Whale Research, dans l’Etat américain de Washington, qui a piloté l’étude, l’explique par la structure sociale de l’espèce – divisée en plusieurs groupes – et par sa biologie : « D’abord, les jeunes mâles se reproduisent hors de leur groupe, alors que les femelles gardent leurs petits auprès d’elles. Donc soutenir les mâles n’impose pas de nouvelles bouches à nourrir. De plus, le succès reproducteur des mâles augmente avec l’âge. Donc c’est un investissement payant. »

Baisse du succès reproductif

Un investissement : là tient en réalité l’originalité de cet article. « Les relations mère-enfant qui durent toute la vie sont fréquentes, insiste la primatologue Elise Huchard (CNRS, Montpellier), qui cite les chimpanzés, les bonobos mais aussi les hyènes. Ce qui est en revanche très nouveau, c’est que ces influences maternelles sont coûteuses. » L’équipe de Michael Weiss a profité des données individuelles scrupuleusement collectées depuis quarante ans. Chaque naissance y est reportée, ainsi que chaque décès. Elle a ainsi pu démontrer que l’entretien d’un jeune mâle conduisait une mère à perdre 50 % de chance d’avoir un petit une année donnée. Un second mâle, 50 % supplémentaire… « Nous nous attendions à trouver un coût mais pas aussi élevé », confie le chercheur.

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