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La journaliste Marina Ovsiannikova raconte comment elle a fui la Russie

La journaliste Marina Ovsiannikova et le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, vendredi 10 février.

Marina Ovsiannikova, la journaliste russe qui avait dénoncé l’offensive du Kremlin contre l’Ukraine en direct à la télévision, a fui la Russie avec sa fille, avait annoncé en octobre Dmitri Zakhvatov, son avocat, précisant que mère et fille se trouvaient en Europe. La journaliste a levé un coin de voile sur sa fuite, aujourd’hui, lors d’une conférence de presse au siège de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) à Paris, qui a organisé son départ clandestin. « Je crains pour ma vie. Quand je parle à mes amis en Russie, ils me demandent ce que je préfère : le Novitchok, le polonium ou un accident de voiture », a-t-elle raconté.

L’opération a commencé dans la nuit du vendredi 30 septembre au samedi 1er octobre, date à laquelle Marina Ovsiannikova et sa fille ont quitté Moscou : « Il y avait moins de risques qu’on nous cherche pendant le week-end. » « Nous avons utilisé sept véhicules successivement et, avant la frontière, nous nous sommes embourbés dans un champ, a raconté la journaliste. Nous avons marché des heures dans la nuit avant de trouver la frontière, sans réseau mobile, en essayant de nous repérer avec les étoiles. Je perdais espoir. » Elle affirme avoir oublié de neutraliser son bracelet électronique, dans la précipitation, et ne l’avoir sectionné avec une pince coupante qu’après le deuxième changement de véhicule.

Elle n’a pas révélé quelle frontière elle a franchie, ni quel a été son périple avant d’arriver en France, qui lui a offert l’asile. Des « zones d’ombre » nécessaires « pour la sécurité de ceux qui ont aidé cette opération hors du commun », s’est justifié le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Cette « évasion fait penser aux plus célèbres franchissements du mur de Berlin », elle n’a « pas été organisée par des services de renseignement », a-t-il assuré.

Lors de la conférence de presse, un journaliste de la télévision indépendante russe Dojd l’a interrogée sur la méfiance qu’elle suscite en Ukraine, voire chez des journalistes indépendants de son pays. « Peu importe le regard que me portent les uns ou les autres, je suis seule face à ma conscience », a-t-elle répliqué. « On peut comprendre les sentiments des Ukrainiens, on n’est pas à leur place, a renchéri M. Deloire. Nous croyons qu’il est important de soutenir Marina Ovsiannikova car c’est une figure de la lutte contre la propagande. »

Dans un livre autobiographique intitulé Zwischen Gut und Böse (Entre le bien et le mal. Comment je me suis enfin opposée à la propagande du Kremlin, éd. Langen Müller, 200 p.), la journaliste née d’une mère russe et d’un père ukrainien ne nie pas avoir fait partie du système : son mari, avec qui elle a eu un fils et une fille et dont elle est aujourd’hui séparée, fait partie des cadres de la chaîne de télévision RT (anciennement Russia Today).

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