Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, place aux rééditions avec des albums de PT House en Afrique du Sud, des Thomas Brothers à Maurice et de Danyèl Waro sur l’île française de La Réunion.
« Big World », de PT House
Sorti en 1991, l’album Big World, de Nelson Mohale alias « PT House », est novateur à plus d’un titre dans l’Afrique du Sud de l’apartheid finissant. C’est l’un des premiers témoignages de l’arrivée du hip-hop dans le pays après l’opus inaugural des pionniers du genre, Prophets of da City, un an plus tôt. Mais c’est aussi un jalon marquant de la house sud-africaine, qui se déclinera par la suite en kwaito, gqom et amapiano. Associé au producteur Danny Bridgens, le jeune rappeur de Soweto déverse son flow « old school » sur quatre longs morceaux (plus de six minutes chacun) de hip-house endiablée et enthousiasmante que le label sud-africain Afrosynth a réédités début avril en vinyle et numérique.
« Main dans la main », de Thomas Brothers (feat. Alain L’Amour)
Prenez le séga, genre emblématique de l’île Maurice, mêlant des origines africaines à des accents de salsa et de calypso. Fusionnez-le avec le jazz et vous obtenez Segazz, un album des frères Thomas (Philippe à la trompette, Roger à la basse et Lindsay aux claviers) paru en 2005 et réédité dans une version remastérisée, fin avril, par le label mauricien Babani Records (uniquement en numérique). Si les onze morceaux sont pour la plupart purement instrumentaux, on y trouve aussi des collaborations avec des chanteurs de séga tels Alain L’Amour et Jean Alain Clency, tandis que l’un des pionniers du genre, le percussionniste Menwar, apporte à l’ensemble sa maîtrise de la ravanne, ce tambourin typique de l’île.
« Mandela », de Danyèl Waro
Toujours chez Babani Records, l’album Bwarouz (« bois rouge », en créole), de Danyèl Waro, a été remastérisé et réédité mi-avril en vinyle et numérique. Paru en 2002, c’est l’un des nombreux disques (une douzaine) du chantre du maloya, une musique qui est un peu à La Réunion ce que le séga est à Maurice. On y retrouve les instruments emblématiques de ce genre hérité de l’esclavage, tels le kayamb, le roulèr ou le bobre, que l’artiste fabrique lui-même dans son village éponyme de Bois Rouge, sur les hauteurs de Saint-Paul (nord-ouest). Parmi les quatorze morceaux figure un vibrant hommage à Nelson Mandela, qui passa « vinssétan » en prison avant d’être élu président de l’Afrique du Sud.
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