la sélection musicale du « Monde Afrique » #190

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Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, place à l’afrobeat loin de ses terres nigérianes avec les nouveaux albums des Japonais d’Ajate, des Allemands d’Oluma et des Britanniques Dele Sosimi et Sam Duckworth.

« Waya Yawa », d’Ajate

De l’afrobeat « made in Japan » ? C’est tout à fait possible et le groupe Ajate, basé à Tokyo, le démontre magistralement dans son troisième album, Dala Toni, paru mi-mai. A l’origine de ce collectif de dix musiciens fondé en 2009, il y a John Imaeda qui, lors d’un séjour en Afrique de l’Ouest, observe des similitudes entre l’afrobeat qui résonne dans les rues d’Accra, au Ghana, et l’ohayashi, une musique traditionnelle japonaise.

Il n’en fallait pas plus pour qu’à son retour il crée l’« afrobayashi », mélange de groove africain et de sonorités nippones. Les instruments utilisés témoignent de cette fusion, puisque le leader du groupe fabrique lui-même des modèles en bambou – et électriques – du balafon et du ngoni ouest-africains. Il en résulte une musique explosive et déjantée dont témoigne le clip de Waya Yawa, présenté comme un « hymne des ivrognes, pour les ivrognes, par des ivrognes »

« Felantropique », d’Oluma

Les Allemands d’Oluma, eux, se placent davantage du côté de la gastronomie avec leur premier album, Cooking Time, sorti début avril et dont la pochette représente une allumette composée à partir d’épices de différentes couleurs. Au menu, donc, de l’afrobeat que les neuf musiciens de Leipzig saupoudrent harmonieusement de funk, de jazz et d’influences brésiliennes.

Formé en 2021 par le bassiste Gregor Nicolai, le batteur André van der Heide et le saxophoniste Roman Polatzky, le groupe livre onze morceaux enveloppants, exclusivement instrumentaux, où la rigueur le dispute à l’inventivité et pour l’enregistrement desquels il a fait appel à Umberto Echo, un ingénieur du son passionné d’afrobeat qui utilise de vieilles technologies analogiques pour apporter à l’ensemble un grain de nostalgie. Le morceau d’ouverture de l’album, Felantropique, est, comme il se doit, un hommage à Fela Kuti.

« Alagbara Ma Me Ro », de Dele Sosimi & The Estuary 21

Dele Sosimi a bien connu le père de l’afrobeat. Né en 1963 au Royaume-Uni mais ayant grandi au Nigeria et plus précisément dans la « République de Kalakuta » fondée par Fela Kuti à Lagos, il a été le claviériste rythmique et le directeur musical du groupe Egypt 80 avant de fonder The Positive Force avec Femi Kuti. De retour à Londres en 1995, il continue de faire vivre l’héritage du « Black President » à travers le Dele Sosimi Afrobeat Orchestra, tout en s’ouvrant à d’autres esthétiques.

En témoigne The Confluence LP, un album paru début avril et réalisé en compagnie du groupe The Estuary 21, dirigé par le multi-instrumentiste britannique Sam Duckworth. Les deux hommes, qui se sont rencontrés au début des années 2010 lors de la Felabration, un festival annuel dédié à Fela Kuti, y proposent onze morceaux où la voix de baryton de Dele Sosimi s’accommode aussi bien d’afrobeat que de jazz.

Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.

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