la sélection musicale du « Monde Afrique » #195

Date:

Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, direction le Gabon, où un nouveau genre est en train d’émerger : issue d’une danse née dans les prisons de Libreville, la ntcham (« bagarre », en argot gabonais) emprunte au rap et à l’afrobeats, tout en embrassant les sonorités traditionnelles d’Afrique centrale.

« C’est une danse qui est née en milieu carcéral et qui exprime toute la violence qu’il y a dans les quartiers populaires, les braquages, les agressions… », indique à l’AFP Essone Obiang, de la plate-forme de streaming gabonaise Gstore Music. « C’est comme le hip-hop : on part de la danse, puis il faut qu’on danse sur une musique », poursuit-il pour expliquer la multiplication de ces morceaux chantés principalement en argot et dont le tempo tourne autour de 120 battements par minute (BPM).

Faisant concurrence, localement, à l’afrobeats nigérian et à l’amapiano sud-africain, les artistes de ntcham visent plus loin et misent sur les réseaux sociaux. « Ces jeunes-là ont tout à fait compris l’outil Internet. Dès qu’un son sort, il devient quasiment viral », analyse Clancy Bissela, cofondateur de BweliTribe, un média spécialisé dans les musiques urbaines africaines : « Il n’y a pas plus gabonais à l’heure actuelle, mais c’est un message qui peut être écouté partout en Afrique. Il suffit juste que ça arrive à l’oreille des gens. »

« Guétawé », de L’Oiseau Rare

Avec trois albums depuis 2021 et près de 18 000 auditeurs mensuels sur Spotify, L’Oiseau rare est l’un des « ntchameurs » les plus en vue. « La ntcham a des instruments propres – des cithares, des flûtes et des cuivres –, mais surtout un rythme afrobeats ou dancehall accéléré », explique-t-il à l’AFP. Passé par la case prison, « l’enfant terrible de Libreville » raconte son vécu dans ses textes et cherche à contrer les préjugés. « C’est un peu compliqué avec les puristes », souffle-t-il, regrettant « le dénigrement » de ce genre musical où « la plupart des artistes viennent du ghetto ».

« C’est pas fini », de Dementos

Interrogé par l’AFP dans un studio du quartier d’Alibandeng, à Libreville, Dementos, 22 ans, s’est récemment lancé dans le mouvement et a vu sa carrière décoller. « J’ai vraiment eu un parcours boosté. Moi-même, je n’ai rien compris ! », plaisante-t-il. Avec huit morceaux publiés sur les plates-formes de streaming depuis octobre 2023, l’artiste rêve de « faire sortir la ntcham du Gabon ». « Nous sommes écoutés chez nous, c’est bien, mais il faut découvrir d’autres pays, d’autres horizons. Vraiment, c’est mon combat ! », s’exclame-t-il. Et de prévenir en musique : « C’est pas fini. »

« Coup d’Etat », de Général Ithachi

Ça commence seulement aussi pour Général Ithachi, qui s’est fait connaître en 2022 avec le tube Tchoukoudoukou, lequel a depuis engrangé plus de 300 000 écoutes sur Spotify, venues non seulement de Libreville, mais aussi de Paris, Abidjan ou Dakar. Depuis, celui qui se proclame « chef du bendo » (le « quartier », en argot) et surnomme ses fans les « bendozares » fait régulièrement paraître des singles aux titres évocateurs, comme Mouvement mouvementé ou Coup d’Etat, en référence au putsch commis en août 2023 par un autre « général », Brice Oligui Nguema, désormais à la tête du Gabon.

Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.

Réutiliser ce contenu

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Subscribe

spot_imgspot_img

Popular

More like this
Related