L’armée de terre tire les leçons de la guerre en Ukraine

Un drone Reaper, exposé sur la Base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard (Charente), à l’occasion d’un colloque sur les 25 ans d’opérations des drones dans l’armée de l’air et de l’espace, le 2 février 2023.

L’armée de terre devrait entrer, dans les prochaines années, dans une vaste transformation. C’est ce qu’avait annoncé, le 20 janvier, le chef de l’Etat, lors de ses vœux aux armées, et c’est ce qu’a détaillé le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Pierre Schill, devant la presse, lundi 13 février. Une annonce qui s’inscrit dans le cadre des travaux sur la future loi de programmation militaire (LPM), censée être présentée en conseil des ministres au printemps et planifier la dépense de 413 milliards d’euros pour la défense sur la période 2024-2030.

Alors que de nombreuses incertitudes demeurent sur la déclinaison budgétaire réelle de cette LPM et les capacités qu’elle donnera ou non aux armées pour les années à venir, l’armée de terre devrait dans tous les cas s’engager dans une profonde réorganisation. Si le nombre total de régiments (environ 80) sera préservé, certains devraient subir des évolutions importantes. Les régiments de « mêlée » (chars, infanterie) pourraient être en partie dégraissés, tandis que ceux spécialisés dans le cyber et les drones pourraient être renforcés. « Il n’y aura pas de dissolution de garnison », a toutefois assuré le général Schill.

L’enjeu se veut triple pour l’armée de terre. A la fois monter en gamme dans un certain nombre de domaines, en particulier les feux dans la profondeur (artillerie longue portée, drones, etc.) et le cyber ; être plus réactive en cas de nécessité de déployer des effectifs dans le cadre d’un conflit de haute intensité ; et muscler sa logistique. « Nous devons revenir à une cohérence globale de l’armée de terre », a résumé le général Schill, précisant que la présentation finale de ce projet aurait lieu le 4 avril.

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Derrière ce plan de transformation, se cache un vrai souci de redonner à l’armée de terre des capacités d’intervention au-delà de sa seule culture expéditionnaire, qui s’est globalement achevée avec la fin de l’opération « Barkhane », en novembre 2022. Rien ne garantit, à ce stade, que la future LPM le permette, en raison de l’explosion des coûts de l’énergie, des matériaux, ainsi que de multiples arbitrages encore en cours, mais l’affichage est là.

Deux nouveaux commandements

Pour donner le change, l’armée de terre devrait se doter de deux nouveaux commandements : un consacré aux guerres de demain, et un autre relatif à la guerre hybride et aux actions spéciales. Tous les deux seront hiérarchiquement au même niveau que le commandement des forces terrestres, qui a la main sur les 77 000 hommes du cœur opérationnel de l’armée de terre. Ils seront sous l’autorité directe de l’état-major de l’armée de terre.

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