
Que restera-t-il de ces dix jours où la réforme des retraites a fait vaciller le Palais-Bourbon ? Les débats à l’Assemblée nationale se sont achevés, dans la confusion la plus totale vendredi 17 février à minuit, sans vote sur le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale ni même sur l’article 7, qui prévoit le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Sous les huées de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes), le ministre du travail, Olivier Dussopt, a mis un terme aux discussions, conformément à l’article 47 alinéa 1 de la Constitution qui permet au gouvernement de limiter les débats à vingt jours à l’Assemblée nationale en première lecture. Le choix de cette méthode imposera aux sénateurs d’examiner à leur tour ce texte en quinze jours dès le 28 février. Une commission mixte paritaire sera ensuite convoquée à la mi-mars pour trouver un accord bicaméral, alors que la date limite d’examen au Parlement est fixée au 26 mars.
Jusqu’à la dernière minute, vendredi soir, les passes d’armes, souvent violentes, se sont cristallisées entre les élus de gauche et Olivier Dussopt. Au cours de ces deux dernières semaines, deux élus La France insoumise (LFI) – Thomas Portes (Seine-Saint-Denis) et Aurélien Saintoule (Hauts-de-Seine) – ont été sanctionnés pour leur comportement contre le ministre du travail. Le premier a été exclu pour quinze jours de séance après un tweet offensant ; le second a reçu un rappel à l’ordre après avoir traité M. Dussopt d’« imposteur » et « d’assassin ».
« Vous m’avez insulté pendant quinze jours. Mais personne n’a craqué et nous sommes là devant vous pour la réforme », s’est égosillé le ministre du travail en s’en prenant aux élus « insoumis » qui quittaient l’Hémicycle. Avant de blâmer, rouge de colère, « les 20 500 amendements déposés par la Nupes [qui] auront empêché notre Assemblée d’achever l’examen du texte ». Après 73 heures de débat, les députés n’auront adopté que l’article liminaire et l’article premier, qui prévoit la fin des principaux régimes spéciaux (RATP, entreprises électriques et gazières…).
« Vous ne croyez pas à la démocratie »
Sur les coups de minuit, la voix du ministre du travail peinait à couvrir le chant des élus LFI décidés à manifester leur mécontentement sur l’arrêt des débats. « On est là, on est là et si Macron ne veut pas, nous, on est là » ont-ils entonné. Pendant qu’ils descendaient les marches de l’Hémicycle, les élus de la coalition présidentielle, des Républicains (LR), du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) et du Rassemblement national (RN) se sont levés pour chanter La Marseillaise et couvrir à leur tour le refrain contestataire des « insoumis ». « Fondamentalement, vous ne croyez pas à la démocratie. Vous la minez en la transformant en cirque », a attaqué la première ministre, Elisabeth Borne, visant les « insoumis » durant l’examen de la motion de censure du RN, rejetée dans la nuit de vendredi à samedi.
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