Laurent Berger appelle l’exécutif à entendre la mobilisation, la majorité présidentielle assure que la réforme reste « une nécessité »

« C’est une connerie ». Au lendemain d’une quatrième journée de mobilisation qui a rassemblé entre 963 000 et 2,5 millions de manifestants, Laurent Berger a déploré, dimanche 12 février, la stratégie d’obstruction de l’opposition et les incidents intervenus, la semaine passée, lors des débats parlementaires autour du projet de loi réformant les retraites.

« C’est un spectacle lamentable qui n’a rien à voir avec la dignité du mouvement de la rue », a tranché le secrétaire général de la CFDT, invité du grand jury RTL-Le Figaro-LCI, soucieux que la mobilisation sociale ne subisse pas le procès en « bordélisation » intenté par le camp présidentiel aux députés d’opposition.

A l’Assemblée, la première semaine d’examen du texte de la réforme des retraites, déjà houleuse, s’est achevée dans le tumulte d’une polémique soldée par l’exclusion pour quinze jours d’un député LFI sanctionné pour avoir posé, dans un tweet, le pied sur un ballon à l’effigie du ministre du travail Olivier Dussopt. Un climat tendu qui ralentit encore davantage les échanges, alors que les syndicats réclament que l’article 7, qui porte sur la mesure d’âge, puisse faire l’objet d’un débat et d’un vote.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Réforme des retraites : la sanction contre Thomas Portes clôt une semaine chaotique à l’Assemblée nationale

Or rien n’est moins sûr, car le temps consacré au débat a été limité par le gouvernement et les députés de la Nupes ont déposé des milliers d’amendements. « L’obstruction n’est pas une bonne solution », juge Laurent Berger, qui mise sur la mobilisation dans la rue pour faire plier le gouvernement et sa majorité au Parlement. « Le chef de l’Etat ne peut pas rester sourd face à cette manifestation inédite », a-t-il encore estimé dimanche, alors que l’intersyndicale appelle à un cinquième round social le 16 février et agite le spectre d’une « France à l’arrêt » le 7 mars, après les vacances scolaires.

« La réforme sera adoptée »

Une menace qui, pour l’heure, ne pèse pas sur la détermination de la majorité présidentielle à mener à bien cette réforme. « Une partie des Français restent mobilisés parce qu’ils ne souhaitent pas, et nous le comprenons, qu’on leur demande de travailler progressivement plus longtemps. Cela ne veut pas dire qu’ils ne souhaitent pas de réforme », a minoré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran dans l’émission Question politique, dimanche, sur France Inter. Selon lui, quoi qu’il advienne, la réforme des retraites reste une « nécessité ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Retraites : les électeurs d’Emmanuel Macron défendent une réforme qu’ils jugent « inéluctable »

« La réforme sera adoptée, parce que je crois qu’on arrivera à dégager une majorité démocratiquement élue pour la voter à l’Assemblée et au Sénat », s’est avancée dimanche la présidente des députés Renaissance, Aurore Bergé, sur le plateau de BFM-TV. La députée des Yvelines, qui réfute tout péché « d’arrogance », se projette même « au-delà de la réforme des retraites » en appelant les syndicats à renouer le dialogue avec l’exécutif, sur la question du travail ou de l’emploi.

Une manière d’acter que tout compromis sur la question de l’âge de départ semble désormais hors de portée. Sur France 3, le ministre du travail Olivier Dussopt a reconnu que le désaccord avec les syndicats sur le report de l’âge de départ à 64 ans, totem de cette réforme, était « assez insurmontable ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Réforme des retraites : de nombreux manifestants appellent à durcir le mouvement

Le Monde avec AFP

Source