Le biochar, puits de carbone, source d’énergie et fertilisant, un espoir dans la lutte contre le réchauffement

Des travailleurs passent au crible des déchets de bois carbonisés dans les installations de  BioChar Now, à Berthoud, dans le Colorado, le 13 février 2023.

C’est un nom qui sonne encore comme une énigme pour le grand public. Et pourtant, le biochar, ou charbon végétal, présente de nombreux avantages pour le climat et l’environnement. A la fois puits de carbone, source d’énergie et fertilisant, il attire de plus en plus d’entreprises. Surtout depuis 2018, quand le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’a classé dans les technologies d’« émissions négatives », qu’il juge indispensables pour retirer du CO2 de l’atmosphère et garder une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Le biochar, qui prend la forme d’une poudre noire, est obtenu à partir de résidus de matière organique qui sont chauffés à une température de 500 °C à 600 °C par pyrolyse, en l’absence d’oxygène pour éviter leur combustion (ce qui émettrait du CO2). L’opération permet d’extraire le carbone des végétaux et de le stocker pendant des centaines voire des milliers d’années de manière stable, lorsque le biochar est stocké dans le sol. A l’inverse, les plantes, qui ont capté le CO2 de l’atmosphère grâce à la photosynthèse, l’auraient rejeté en se décomposant. « On estime qu’une tonne de biochar permet de séquestrer entre 1,3 et 2 tonnes de CO2 équivalent sur un horizon de cent ans », indique Axel Reinaud, le président de l’entreprise française NetZero, qu’il a cofondée en janvier 2021 avec, entre autres, le climatologue Jean Jouzel.

« L’avantage, c’est qu’on a une matière première abondante, peu chère, voire gratuite », poursuit-il, en évoquant 2 milliards de tonnes de résidus agricoles disponibles en zone tropicale pour produire du biochar. La start-up, qui a ouvert deux usines au Cameroun et au Brésil, a fait le choix de n’utiliser que des résidus agricoles (pour l’instant de café, et à l’avenir de cacao, riz ou canne à sucre) et non de bois, pour ne pas aggraver la déforestation ni entrer en compétition avec d’autres usages.

Limiter le recours aux engrais

Parmi les autres atouts, documentés par des milliers d’études scientifiques, le biochar permet de fertiliser les sols, en améliorant leur pH et en retenant les nutriments et l’eau. De quoi aider à leur restauration et limiter le recours aux engrais, et donc encore réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces qualités, connues de longue date, sont davantage valables dans les zones tropicales, où les sols sont plus souvent pauvres et acides, que dans les régions tempérées. « Mais le biochar peut aussi avoir un rôle à jouer en Europe. Cela dépend des sols. On a de très bons retours sur le maraîchage, avec une amélioration des rendements de 15 % à 20 % », explique Claire Chastrusse, directrice générale de CarbonLoop.

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