Le British Museum sur la défensive dans le contentieux avec la Grèce sur les marbres du Parthénon

Analyse. Les salles consacrées aux marbres du Parthénon restent un must du British Museum, institution londonienne aux 5 millions de visiteurs annuels. Grappes de collégiens en uniformes, touristes rivés à leur audioguide : l’immense galerie exposant les frises et les sculptures des frontons du plus fameux des temples grecs, sur la colline de l’Acropole, à Athènes, est toujours bondée.

Ces sculptures, vieilles de 2 500 ans, ont été décrochées du temple dédié à la déesse Athéna au début du XIXe siècle, quand la Grèce était encore sous domination ottomane, sur ordre du diplomate britannique Lord Elgin, qui les a vendues au British Museum en 1816. Depuis qu’elle est devenue indépendante, en 1832, la Grèce a toujours contesté cette propriété et réclamé le retour des marbres, qu’elle considère comme une part inaliénable de son histoire. Leur place est à Athènes, arguent les autorités grecques, dans un magnifique musée construit au pied de l’Acropole spécialement pour les exposer et ouvert en 2009.

Jusqu’à présent, le British Museum a résisté à toutes ces pressions, s’en tenant à sa version : les marbres lui appartiennent, leur prélèvement ayant été autorisé par l’administration ottomane. L’institution s’abrite aussi derrière une loi britannique, le British Museum Act de 1963, qui lui interdit de céder ses œuvres, sauf circonstances exceptionnelles. Mais les opinions publiques évoluent, d’autres institutions au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde occidental multiplient les restitutions. Le statu quo devient difficilement tenable.

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Appel à un « nouveau partenariat »

Arrivé à la tête du British Museum en octobre 2021, George Osborne, 51 ans, ancien ministre des finances du premier ministre conservateur David Cameron, a entamé des discussions sérieuses avec Athènes en 2022. Cet ex-partisan de la rigueur budgétaire cultivant une image de modernisateur serait même tout proche d’un accord avec Athènes portant sur un « échange culturel », avec des prêts de long terme, ont rapporté les médias britanniques. Présent à Londres en décembre, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, s’est lui aussi montré optimiste, estimant que le retour des marbres était « possible ».

Le British Museum a « appelé publiquement à un nouveau partenariat du Parthénon avec la Grèce » et confirmé des discussions « avec tout le monde, y compris le gouvernement grec », tout en excluant « de démanteler [sa] superbe collection ». Le gouvernement britannique a exclu tout amendement du British Museum Act. Athènes s’en tient, de son côté, à sa position : un prêt à long terme n’est pas satisfaisant, le pays veut récupérer la propriété des marbres.

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