Dans les bureaux de tabac, des présentoirs, affiches, autocollants ou écrans animés font la promotion de sachets de nicotine, tabac chauffé et cigarettes électroniques. Malgré une législation très stricte, près de sept buralistes sur dix sont en infraction en affichant des publicités pour ces nouveaux produits du tabac et du vapotage. C’est le résultat d’une étude menée de 2020 à 2022 par le Comité national contre le tabagisme (CNCT), publiée lundi 13 février. Face à ces infractions en matière de publicité, l’association demande davantage de contrôles et de sanctions. Et alerte sur le développement très rapide d’un marché ciblant plus particulièrement les jeunes, notamment par l’usage d’arômes.
Depuis 2016, le Code de la santé publique prévoit une interdiction totale de la publicité pour les produits du tabac. En ligne, comme dans les magasins. Pour les cigarettes électroniques, la loi autorise une affichette non visible de l’extérieur du lieu de vente. D’après l’étude, 84,5 % des buralistes faisant de la publicité pour le vapotage sont en illégalité. Dans les 615 établissements visités, 1 194 publicités pour les produits du vapotage ont été repérées : 43 % d’entre elles étaient visibles de l’extérieur, et les trois quarts ne respectaient pas le format autorisé.
« Nous sommes confrontés à une stratégie extrêmement offensive de l’industrie du tabac, explique Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme. Face au déclin de la cigarette, ces nouveaux produits du tabac apparaissent dans une optique de domination du marché de la nicotine. »
Goûts sucrés
Dans leur viseur, l’évolution du marché des produits de vapotage, d’autant plus avec l’arrivée d’une nouvelle génération de cigarettes électroniques, les puffs. Légères, simples d’utilisation et jetables, elles ont fait leur apparition en 2019 aux Etats-Unis. Dans le cadre de ses enquêtes, le CNCT repère leur arrivée en France en septembre 2021 et commence à alerter. « L’évolution de ce marché est extrêmement rapide, avec ce phénomène des arômes. C’est ce qui fait que ça nous paraît important de tirer la sonnette d’alarme », insiste Mme Béguinot.
Mangue, fruits rouges, marshmallow… elle pointe une carte des saveurs qui renvoie à l’univers de la confiserie : « Et donc, on oublie qu’on est dans la consommation d’une drogue. » Les puffs aux packagings colorés sont très populaires auprès des jeunes consommateurs, jusque dans les collèges, et cela malgré l’interdiction de vente aux mineurs.
En ligne, les produits sont largement promus par les marques, entre promotions, programme de fidélité, sponsorisation d’événements musicaux ou sportifs, avec cette constante mise en avant des arômes. L’incitation se poursuit avec les influenceurs qui vantent les goûts, mais aussi leur design et leur faible nocivité, comparée à celles des cigarettes traditionnelles. A l’image de Sarah Fraisou, candidate de télé-réalité, très suivie sur Snapcha. Du côté de TikTok, les jeunes consommateurs se mettent en scène, testent les saveurs, banalisant ainsi leur utilisation.
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