Le fournisseur de gaz E-Pango accusé d’avoir abandonné 15 000 logements d’un bailleur social

La crise des prix de l’énergie frappe durement les ménages aux ressources modestes. Surtout lorsque le fournisseur en gaz de leur bailleur social préfère les quitter à l’approche de l’hiver. Ce fut le cas pour environ 15 000 logements de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), après la rupture par la société E-Pango, à mi-parcours, en décembre 2021, d’un contrat collectif de deux ans à prix fixe. L’entreprise leur a faussé compagnie sous l’effet de la flambée des prix sur le marché de gros, celui sur lequel s’approvisionnent les fournisseurs.

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L’opération a causé un surcoût considérable à la charge des ménages. Il a fallu trouver en urgence un autre fournisseur, Gaz de Paris, pour un contrat jusqu’à la fin de l’année en cours. Conséquence, aux frais des résidents : la facture mensuelle a pesé environ 70 euros en moyenne lors du premier semestre 2022, alors qu’elle n’était que d’« un peu plus de 30 euros » auparavant, selon Simon Molesin, directeur du patrimoine de la RIVP. Soit un surplus estimé à près de 3,7 millions d’euros sur ces six mois.

De son ancien fournisseur, la RIVP attend à présent le versement d’une compensation : l’équivalent du surcoût. Le bailleur présidé par David Belliard, l’adjoint écologiste à la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a engagé une action en justice. Dénonçant une rupture de contrat fautive, l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) l’a accompagnée dans cette assignation au tribunal judiciaire de Paris, lancée en novembre 2022 contre le fournisseur – l’audience étant prévue pour le 16 mars.

« Manque de règles prudentielles »

E-Pango est la création, en 2015, d’un ancien tradeur de l’électricien EDF, Philippe Girard. Issu de la libéralisation de l’énergie, le petit fournisseur a d’abord commercialisé de l’électricité aux entreprises et aux collectivités, puis du gaz. Une femme bien connue dans le monde de l’énergie en préside le conseil d’administration depuis mai 2021 (deux mois avant l’introduction en Bourse de la société) : Anne Lauvergeon, anciennement patronne d’Areva.

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Après la défaillance d’autres acteurs, « cette affaire est la parfaite illustration du manque de règles prudentielles » autour des marchés du gaz ou de l’électricité, déclare la CLCV, dans un communiqué transmis jeudi 16 février. Dit autrement, l’association de consommateurs reproche à certains fournisseurs d’avoir trop tardé à s’approvisionner et d’avoir misé à tort sur les fluctuations des cours, plutôt que d’avoir acheté l’énergie à l’avance.

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