
Pour le gouvernement d’Elisabeth Borne, c’est une première entaille à sa réforme des retraites. Mardi 14 février, les députés ont rejeté, peu avant minuit, l’article 2, créant un « index seniors » dans les entreprises, par 256 voix contre, 203 pour. Une première défaite aussi pour les élus de la coalition présidentielle sur ce texte, dont la mesure principale est le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Au-delà des oppositions attendues de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) et du Rassemblement national (RN) à cet « index seniors », le résultat du scrutin a basculé en raison du vote contre de 38 députés Les Républicains (LR) – sur 61. Parmi eux, le président du groupe, Olivier Marleix. Tous contestent l’utilité et même la constitutionnalité de l’introduction d’un tel outil par le biais d’un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale.
Du côté du camp présidentiel, les élus Horizons Thierry Benoit (Ille-et-Vilaine) et Yannick Favennec (Mayenne), qui avaient critiqué publiquement la réforme, se sont abstenus sur cette mesure qui obligeait les entreprises à publier chaque année des indicateurs de suivi relatifs à l’emploi de leurs salariés seniors.
A l’annonce du résultat du scrutin, la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, incrédule, a effectué un recomptage des voix de son camp, persuadée d’une défaillance électronique dans les votes. Sous les applaudissements nourris des bancs de la gauche, de la droite et de l’extrême droite, les députés « insoumis » ont salué cette victoire en entonnant un chant emblématique des mobilisations sociales : « Nous on est là. Même si Macron ne veut pas, nous on est là. » « Vous vous croyez où ? Votre conduite est inacceptable », a déploré, depuis le perchoir, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
Olivier Dussopt sur la défensive
« Ce soir, toute la gauche et le FN [Front national, précédent nom du Rassemblement national] célèbrent le fait de supprimer du projet de réforme des retraites l’article qui crée un index de l’emploi des seniors. Unis pour supprimer un nouvel outil en faveur de l’emploi des plus âgés », a fustigé sur son compte Twitter le ministre du travail, Olivier Dussopt, sans mentionner les voix décisives du groupe LR. « Macron, Borne, Dussopt coulés. (…) La macronie est aux abois », a jubilé de son côté le fondateur de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon.
Pour le gouvernement, ce revers intervient après une journée moins tumultueuse que les précédentes à l’Assemblée nationale, même si les principales mesures de son projet de loi ont une nouvelle fois été attaquées dans l’Hémicycle. Sur la défensive, le ministre du travail, Olivier Dussopt, a subi une avalanche de questions des oppositions, principalement sur les carrières longues et le minimum de pension à 1 200 euros. « Combien de personnes qui partent à la retraite, ou qui sont déjà à la retraite, verront leur pension augmentée à 1 200 euros ? », ont inlassablement rabâché les élus de la Nupes, à l’image de la députée « insoumise » de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé.
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