le Marseillais Karim Harrat, alias « Le Rent », extradé du Maroc

Il était l’un des fugitifs les plus attendus par les juges chargés de la lutte contre le narcotrafic : le Marseillais Karim Harrat, 34 ans, a été remis mardi 14 février aux autorités françaises. Il avait été arrêté le 14 novembre 2021, à l’aéroport de Casablanca, sur la base d’un mandat d’arrêt européen. La procédure d’extradition marocaine aura duré plus d’un an et visait son éventuelle implication dans quatre dossiers de règlements de comptes ayant fait un total de sept morts, des homicides volontaires en bande organisée commis entre décembre 2018 et décembre 2020. L’agenda judiciaire de celui qu’on surnomme « Le Rent » ou « Arafat » s’annonce dense dans les prochaines semaines.

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Dès son arrivée en France, il devrait être conduit au tribunal judiciaire de Paris, dans le cabinet du juge d’instruction Matthieu Bonduelle qui enquête sur l’assassinat de Florent N’Gondo. Ce Marseillais âgé de 30 ans avait succombé, le 2 décembre 2018 vers 2 heures, à vingt-cinq tirs d’armes automatiques, à la sortie d’un bar à chicha du 20e arrondissement de Paris.

Présent dans la capitale pour l’enregistrement d’un album du rappeur marseillais Elams, qu’il produisait, Florent N’Gondo aurait été sollicité par Karim Harrat, qui allait s’installer à Dubaï, pour gérer « les magasins », un des trois points de vente de drogue implantés dans la cité marseillaise de La Paternelle. Il aurait pu être tué pour ne pas avoir réglé son dû à Karim Harrat, selon une des pistes explorées par l’enquête.

Ascension fulgurante

Son ascension dans le monde de la drogue est présentée comme fulgurante, à l’image de ces jeunes trafiquants pressés qui s’impatientent de jouer les premiers rôles et s’arrachent les points de deal à coups de kalachnikov. Son casier judiciaire reflète un petit passé de voleur de cartes bancaires après avoir été aperçu, sans être inquiété, au début des années 2010 dans l’ombre du trafic de la cité Bassens, l’un des plus importants de Marseille. Avec l’arrestation des chefs pour un triple règlement de comptes, il va grimper les échelons quatre à quatre. Selon « Tatoo », le surnom d’un trafiquant qui multiplie les accusations et les confessions, « aujourd’hui, la tête de la pyramide, c’est Karim Harrat, mais à cette époque, c’était encore le chien de la bande. C’est pour cela qu’on l’appelle Rantanplan ou Le Rent ».

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Installé à Dubaï où il aurait acquis une maison, vivant grand train comme bon nombre de barons de la drogue réfugiés aux Emirats arabes unis, Karim Harrat est soupçonné d’avoir tiré les ficelles de jeunes équipes avides de « posséder » un réseau, leur Graal. « Tatoo » a expliqué aux juges ces guerres de territoire de la drogue pilotées depuis l’étranger : « Ils envoient des petits jeunes au feu et ils regardent ce que ça donne. Si ça ne marche pas, tant pis, ce sont les petits jeunes qui se font tuer. [Les jeunes] sont inconscients, ils idolâtrent [les barons]. »

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