Le Niger conteste la décision du français Orano de suspendre sa production d’uranium

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Le régime militaire du Niger conteste la décision du spécialiste français de l’uranium Orano de suspendre sa production, annoncée par le groupe la semaine dernière, selon un document d’une société d’Etat nigérienne consulté vendredi 1er novembre par l’Agence France-Presse (AFP).

La Sopamin, société d’Etat nigérienne, est actionnaire avec Orano (majoritaire à 63,4 %) de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), qui exploite le site d’Arlit, le dernier exploité au Niger par le groupe français jusqu’à ce que celui-ci annonce une suspension de sa production d’uranium effective au 31 octobre.

Orano invoquait une aggravation de ses difficultés financières, liées notamment au retrait par la junte en juin d’un permis d’exploitation d’un des plus grands gisements d’uranium au monde, Imouraren, et à l’impossibilité d’exporter cette matière première – la frontière du Niger avec le Bénin est fermée pour des raisons de sécurité, selon Niamey.

« Malgré sa qualité de coactionnaire, la Sopamin n’a pas été consultée sur cette décision grave », a déclaré cette société dans un document daté du 31 octobre. « Elle manque notamment de transparence, viole nombre de principes et pratiques essentiels à la gouvernance, aux engagements entre les parties prenantes. Elle tranche aussi et simplement avec toutes convenances entre partenaires », a-t-elle ajouté.

Des stocks bloqués

Orano avait dit avoir fait une autre proposition aux autorités nigériennes, en exportant éventuellement l’uranium vers la France ou la Namibie, déplorant qu’elles n’aient pas donné suite. De son côté, le Niger affirme dans le document avoir décidé de « l’achat de 210 tonnes d’uranium par le biais naturel de la Sopamin », afin de « permettre à la Somaïr de continuer ses activités ».

Au total, 1 050 tonnes de concentré d’uranium issues de stock de 2023 et 2024, soit près de la moitié de la production moyenne annuelle du site, sont actuellement bloquées, d’une valeur marchande estimée à « 300 millions d’euros », selon le groupe français.

Le pouvoir nigérien, issu d’un coup d’Etat perpétré en juillet 2023, a maintes fois répété vouloir revoir en profondeur le système d’exploitation des matières premières sur son sol par des compagnies étrangères. Il se tourne par ailleurs vers de nouveaux partenaires, comme la Russie ou l’Iran.

Mi-septembre, le conseil des ministres a adopté un projet de décret portant création d’une société d’Etat dénommée Timersoi National Uranium Company (TNUC), sans aucune précision. Orano exploite depuis 1971 de l’uranium dans le nord du Niger. Seul le site de la Somaïr était encore actif, depuis la fermeture de la Compagnie des mines d’Akokan (Cominak) en 2021.

Le Monde avec AFP

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