Le Pakistan, au bord du gouffre économique, a échoué à conclure un accord avec le FMI

Le ministre pakistanais des finances, Ishaq Dar, à Islamabad, le 10 février 2023.

Le Pakistan, proche du défaut de paiement, n’a pas réussi à conclure un accord global avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir de l’argent frais, après dix jours d’intenses négociations à Islamabad. L’institution monétaire note cependant « des progrès considérables (…) sur les mesures politiques pour corriger les déséquilibres internes et externes ». Le pays de 220 millions d’habitants est au bord de l’abîme : il ne reste que 2,9 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros) de réserve de change dans les caisses de l’Etat, à peine de quoi couvrir un mois d’importations. Les discussions visaient à débloquer la dernière tranche d’1,1 milliard de dollars d’un prêt échelonné, accordé en 2019, d’un montant total de 6,5 milliards de dollars.

Le FMI avait suspendu en 2022 le décaissement du prêt, considérant que le gouvernement pakistanais n’avait pas mis en œuvre les réformes nécessaires pour faciliter la rentrée d’argent. L’institution monétaire demandait notamment l’arrêt des subventions sur le carburant et l’électricité mises en place par son prédécesseur Imran Khan en février 2022, avant son éviction, et qui grèvent les finances publiques. La décision est d’autant plus difficile à prendre que les Pakistanais subissent déjà une hausse des prix record. En février, l’inflation des prix de détail a atteint 27, 6 % , celle des produits alimentaires près de 40 %.

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L’accord avec le FMI est indispensable pour débloquer les prêts des pays amis – l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et la Chine. La délégation du FMI conduite par Nathan Porter devait rentrer à Whashington vendredi 11 février. Les autorités pakistanaises restent optimistes et assurent qu’un accord a été trouvé sur l’essentiel. Le FMI demande au Pakistan des mesures drastiques pour débloquer le prêt, ainsi que des garanties. Beaucoup d’engagements n’ont pas été tenus dans le passé.

Pétrole russe à bas coûts

Les points majeurs de blocage portent sur l’augmentation du coût de l’essence, de l’électricité et du gaz pour réduire la dette du secteur énergétique, la réduction du déficit budgétaire, la fin des exonérations de taxes à l’export et une amélioration du recouvrement de l’impôt, très faible en raison de l’importance de l’économie informelle. Le premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, fait valoir que le pays n’est même pas remis des inondations historiques qui l’ont frappé l’été 2022 et demande un programme échelonné. Il souhaite épargner les ménages modestes.

A quelques mois des élections générales prévues en octobre, et alors qu’il est sous la pression de son prédécesseur, Imran Khan, devenu très populaire, le premier ministre espère encore éviter les mesures trop douloureuses. Il souhaite notamment obtenir de Moscou des livraisons de pétrole brut à bas coûts à partir de mars.

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