Mohamed Ould Ghazouani, qui dirige depuis 2019 la Mauritanie, pôle de stabilité au Sahel face à la propagation djihadiste, a annoncé mercredi 24 avril être candidat pour un deuxième mandat à la présidentielle du 29 juin. « J’ai jugé opportun de m’adresser directement à vous, chers compatriotes, à travers cette lettre, pour vous informer de ma décision de me présenter à vous, afin que vous me renouveliez votre confiance pour un nouveau mandat », a-t-il déclaré dans une lettre distribuée aux médias.
Sa candidature était attendue et il sera le grand favori du scrutin, où il affrontera notamment son rival arrivé deuxième de la présidentielle de 2019, le militant des droits humains Biram Ould Dah Ould Abeid, qui a annoncé sa candidature mercredi également.
La Mauritanie, vaste pays charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne d’environ 4,5 millions d’habitants, a connu une succession de coups d’Etat de 1978 à 2008, avant que l’élection de 2019 ne marque la première transition entre deux présidents élus. Alors que le djihadisme se propageait ailleurs au Sahel, et notamment au Mali voisin, le pays n’a plus connu non plus d’attaque depuis 2011.
M. Ghazouani, président en exercice de l’Union africaine (UA), a promis dans sa lettre de consolider l’unité nationale, d’améliorer les conditions de vie des plus démunis, de garantir la sécurité et la stabilité et de lutter contre la corruption et le détournement des fonds publics. « Pour moi, le premier défi a toujours été et demeure celui de répondre aux aspirations et aux espoirs de notre jeunesse, de libérer son énergie et de la préparer à contribuer activement à la construction et à la définition des contours de la Mauritanie à laquelle elle aspire », a-t-il aussi écrit.
Majorité écrasante au Parlement
Son parti avait largement remporté les législatives il y a un an, raflant 107 sièges sur 176, loin devant le parti islamiste Tewassoul, qui avait gagné 11 sièges. Un peu moins d’une dizaine de prétendants ont pour l’heure annoncé leur candidature, dont M. Ould Abeid, député et farouche pourfendeur du régime. « L’instant crucial est venu de sortir de la boucle temporelle de l’échec, du désespoir, de l’endettement exponentiel et du recyclage des fausses promesses », a déclaré mercredi M. Ould Abeid, qui avait obtenu 18,59 % des suffrages lors du scrutin de 2019.
Le député, qui parlait devant des centaines de ses soutiens dans une salle de conférences archicomble, a dressé un tableau sombre de la situation dans son pays et promis « de sortir la Mauritanie des handicaps » qui freinent son développement.
Descendant d’anciens esclaves, il a dénoncé « l’hégémonie ethno-tribale », la mauvaise gouvernance, l’impunité des crimes à visée raciste, l’aggravation des dysfonctionnements de la puissance publique et l’accroissement du « périmètre de l’injustice » envers les citoyens d’origine subsaharienne.
M. Ould Abeid, dont la formation politique n’est pas autorisée et n’a pas d’existence légale, a aussi souligné son inquiétude sur le bon déroulement du processus électoral. « Nous avançons, conscients de l’imperfection du fichier électoral, de la partialité et des déficiences de la CENI » (Commission électorale nationale indépendante), a-t-il affirmé. Selon un décret présidentiel, la campagne électorale débutera officiellement le vendredi 14 juin à minuit et se terminera le jeudi 27 juin à minuit.