
Assis dans le bureau parisien de son attaché de presse, Tiakola, 23 ans, tout sourire, fait remarquer : « Vous avez vu depuis notre première rencontre, j’ai bien évolué ? Je m’exprime mieux. » Quelques jours avant la sortie de son premier album solo, « M Le magazine du Monde » avait consacré la rubrique « Tête chercheuse » à ce rappeur, roi des refrains mélodieux au milieu des rimes les plus dures… Membre du groupe de rap 4Keus, le chanteur est la nouvelle coqueluche du rap français. Ses consœurs, comme Aya Nakamura, et ses confrères, Gazo, Zola, Dadju, Leto l’invitent sur leurs disques pour sa voix mélodique et l’assurance de décrocher un tube. Son premier album, Mélo, publié fin mai 2022 est déjà certifié double disque de platine et lui vaut d’être nommé dans la catégorie révélation masculine des Victoires de la musique, « une fierté », résume le petit dernier d’une famille de huit enfants qui a grandi au milieu des barres de la cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
Sur le plateau télé de la cérémonie musicale le 10 février, c’est la première fois qu’il jouera avec un orchestre son titre Parapluie. Et la deuxième fois qu’il jouera avec des musiciens, puisque sa tournée débute la veille à Saint-Malo et passe par l’Olympia de Paris, qui affiche complet, le 12 mars. Pas mal pour un jeune homme qui n’avait pas du tout prévu d’être un artiste…
Lui au départ se rêve footballeur et entre en sport études au Bourget en Seine-Saint-Denis, lit les articles sur le mercato dans l’Equipe pour se préparer à sa carrière. Seule entorse à son programme : aider ses copains à payer leur séance dans un studio d’enregistrement loué 70 euros. A cette douzaine d’apprentis rappeurs-chanteurs, le studio ne revient pas plus cher que le prix d’un sandwich kebab. Ils créent leur groupe, 4Keus, soit l’argot pour « 4 000, et les voilà petites vedettes de la cité, puis des réseaux sociaux.
Les milliers de vues s’accumulent sur leurs vidéos diffusées sur YouTube. Le label des Sexion d’Assaut, Wati B, les repère et les signe. Tiakola change d’horizon : « Dans le foot, explique-t-il, j’étais découragé : des proches signaient des contrats et moi j’étais encore sur la touche. J’attendais beaucoup du foot, je payais la licence 200 euros. Dans la musique, je ne m’attendais à rien, la séance studio, je la payais 5 euros. Je prenais du plaisir et j’avais de gros retours, jusqu’à 700 000 vues sur une vidéo. Et puis, je n’étais pas tout seul à espérer, on se soutenait entre potes. »
Dans les pas de MHD et de Booba
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