
Le réalisateur espagnol Carlos Saura est mort vendredi 10 février à l’âge de 91 ans, a annoncé l’Académie espagnole du cinéma. Cette dernière a salué « l’un des cinéastes fondamentaux de l’histoire du cinéma espagnol ». « Son dernier film, Las paredes hablan (Les murs parlent), était sorti vendredi, preuve de son activité infatigable et de son amour pour son métier jusqu’à ses derniers instants », a-t-elle encore dit.
Le cinéaste devait recevoir un Goya d’honneur samedi lors de la cérémonie des récompenses du cinéma espagnol qui se tient à Séville. Un hommage y sera rendu à « la mémoire d’un créateur irremplaçable », a poursuivi l’Académie.
Carlos Saura, né le 4 janvier 1932 dans un milieu d’artistes, s’était fait une renommée mondiale sous la dictature franquiste, avec des films comme Peppermint frappé (1967) ou Cria cuervos (1975). Il a été, avec son ami Luis Buñuel, le symbole d’un cinéma espagnol en résistance.
Prolifique – il a réalisé au total une cinquantaine de films –, Saura était un cinéaste du jeu et de l’imaginaire, à l’esthétique sophistiquée, au style à la fois lyrique et documentaire, centré sur le sort des plus démunis. Il a souvent dépeint des personnages, issus de la bourgeoisie, tourmentés par leur passé, flottant entre réalité et fantasmes.
Mais, à partir de la mort de Franco, en 1975, et la transition démocratique qui a suivi, ce fou de musique et de danse est progressivement passé à autre chose : des hymnes d’amour au tango et au fado, au folklore argentin et à la jota, danse de son Aragon natal, à l’opéra et, surtout, à son cher flamenco, devenant, un peu malgré lui, un ambassadeur de la culture espagnole.