
L’hypothèse de vaisseaux aliens n’aura pas tenu longtemps, mais elle aura fait du bruit. Lundi 13 février, interrogé sur la possibilité que les objets volants non identifiés (ovnis) détruits au-dessus des Etats-Unis et du Canada aient été envoyés par des extraterrestres, le commandant des forces aérospatiales américaines, le général Glen VanHerck, expliquait « n’avoir rien écarté à ce stade ». Trois jours plus tard, la Maison Blanche et les agences de renseignement faisaient marche arrière et déclaraient que « l’explication la plus plausible [serait] qu’il s’agit de simples dirigeables liés à des opérations commerciales ou à des fins bénignes ».
Trop tard. Depuis le début de la semaine, les ufologues (spécialistes des ovnis) de toute la planète s’emballent. Les optimistes se réjouissent de la possible officialisation d’une « rencontre du troisième type », tandis que les plus conspirationnistes dénoncent un enfumage, soit pour cacher les « vrais » extraterrestres, soit pour détourner l’attention du grand public de pseudo-scandales, comme les effets des vaccins contre le Covid-19 ou l’affaire Epstein.
Il est vrai que l’évocation de la thèse ufologique en pleine crise avec Pékin a pu surprendre. Pourtant, historiquement, ovnis et espionnage international vont souvent de pair.
Roswell et les premiers ballons espions
Les premières rumeurs de soucoupe volante émergent en 1947, sur fond de guerre froide naissante, et ce n’est pas un hasard si elles alarment aussitôt l’armée américaine. Celle-ci était « inquiète que ces objets soient des armes secrètes soviétiques », relate en 1997 Gerald K. Haines, historien interne de la CIA. L’armée attribue finalement les témoignages à un mélange d’hallucinations collectives, de canulars et de méprises visuelles.
La CIA estime que les vols de son avion Lockheed U-2 ont été responsables de la moitié des témoignages d’ovnis récoltés fin 1950 et dans les années 1960
Si l’ufologie a autant pu se développer aux Etats-Unis, c’est aussi en raison des nombreux et inavouables programmes américains d’appareils d’espionnage. Ainsi, la CIA estime que les vols de son avion de reconnaissance Lockheed U-2 ont été responsables de la moitié des témoignages d’ovnis récoltés à la fin des années 1950 et dans les années 1960, d’autres étant liés à l’avion furtif F-117 Nighthawk, avant que son existence soit révélée au grand public, au milieu des années 1980. Plus ironique encore est le cas du légendaire petit homme gris de Roswell, légende urbaine née à l’aube des années 1980, sur la base d’étranges débris retrouvés en 1947 dans le Nouveau-Mexique. Un rapport de 1994 révèle qu’ils appartenaient en fait au projet Mogul, un programme secret de ballons espions conçus pour surveiller les activités nucléaires de l’URSS.
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