Le modus operandi envisagé par Vivendi pour céder sa filiale Editis, numéro deux de l’édition française, une condition pour mettre définitivement la main sur Hachette, commence à se préciser. Dans une note d’information confidentielle destinée à informer le personnel, dont Le Monde a pris connaissance, remise vendredi 20 janvier au comité social et économique (CSE), Vivendi détaille le processus de « cotation-distribution » qu’il compte mettre en œuvre. Et ce malgré l’hostilité du personnel d’Editis à toute mise en Bourse.
Tout d’abord, Vivendi souhaite qu’Editis Holding soit cotée à Paris sur Euronext Growth, un marché destiné aux PME qui veulent lever des capitaux pour financer leur croissance. Cela devrait permettre à Editis d’intégrer les vingt premières capitalisations de ce marché, sur les 560 entreprises qui y sont cotées et d’obtenir, selon Vivendi, « une bien meilleure visibilité que sur [le marché réglementé] Euronext Paris ». Autre avantage, « les contraintes réglementaires » y sont « plus en adéquation avec la nature de ces entreprises, et plus souples ».
Pour la première fois, Vivendi indique avoir investi « environ 334 millions d’euros » dans Editis depuis son acquisition, pour 829 millions d’euros, début 2019. Ce qui inclut, « outre le rachat de la dette (…), une centaine de millions d’euros tant en acquisitions de nouvelles filiales et participations qu’en modernisation de la plate-forme Interforum [l’outil logistique de distribution-diffusion des ouvrages] ».
« Acompte sur le dividende »
Vivendi a en effet acheté ou crée des maisons d’édition comme « L’Archipel, L’Agrume, Séguier, Philéas, Kotoon, Bruit du monde », ou la plate-forme d’éducation numérique Educlever, précise le document. Les cinquante-trois maisons d’Editis publient près de 4 000 nouveautés par an.
C’est pour obtenir le contrôle effectif du groupe Lagardère (et donc de sa filiale Hachette) que Vivendi s’est résolu à céder Editis. Renonçant donc à fusionner les deux principaux groupes français d’édition, ce que les autorités européennes chargées de la concurrence auraient sans doute refusé. Vivendi détient 57,35 % du capital de Lagardère, mais ne peut exercer que 22,46 % de ses droits de vote tant que Bruxelles n’a pas donné son feu vert à cette prise de contrôle.
La cotation-distribution consisterait, pour Vivendi, à distribuer à ses actionnaires les actions Editis Holding « sous forme d’un acompte sur le dividende 2022 ». « L’admission des actions Editis Holding sur le marché Euronext Growth » serait « simultanément » demandée. Euronext devra alors approuver un document d’information comportant « la description des facteurs de risques, les activités d’Editis, la structure organisationnelle, la gouvernance, la situation financière… »
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