les inégalités présentes dans le système devraient perdurer

Certaines des inégalités du système des retraites risquent de perdurer après la réforme actuellement en cours de discussion à l’Assemblée nationale. Dans une note rendue publique vendredi 10 février, l’Institut des politiques publiques (IPP) montre que les personnes ayant les plus faibles ressources continueront « de partir plus tard » que celles situées en haut de l’échelle des revenus, même si l’écart est susceptible de se réduire un peu. Réalisée par les économistes Patrick Aubert et Antoine Bozio, cette étude remet en lumière l’effet anti-redistributif de règles déjà en vigueur.

Contrairement à un « mythe largement installé », le régime par répartition, qui a émergé après la Libération, « a tendance à renforcer les inégalités de salaire par des inégalités de départ en retraite », écrivent les auteurs de la recherche. Ainsi, « ceux qui ont eu les meilleures carrières » – donc les meilleures rémunérations – partent « plus tôt ». Un exemple : pour la génération née en 1950, les 10 % d’individus les plus aisés ont réclamé le versement de leur pension à 61 ans en moyenne, contre près de 63 ans pour les 10 % les plus pauvres.

Cette situation ne devrait pas être fondamentalement corrigée par la réforme, selon les simulations faites par l’IPP. Si l’on s’intéresse à la génération 1972, les 10 % de personnes « à plus basse pension » prendraient leur retraite vers 64,3 ans, soit environ une année de plus que les 10 % les mieux lotis.

« Perspective historique »

Patrick Aubert et Antoine Bozio abordent également les « propriétés » du système selon le sexe. Ils rappellent, tout d’abord, que les femmes partent « plus tardivement en moyenne que les hommes ». Une précision importante, dans le débat actuel, car Elisabeth Borne, la première ministre, avait tenu des propos laissant penser l’inverse, le 24 janvier, à l’Assemblée nationale. Ces présentations différentes tiennent peut-être au fait que les deux économistes et la cheffe du gouvernement ne raisonnent pas sur le même périmètre : les uns se focalisent sur les « seuls retraités résidents en France », tandis que la locataire de Matignon semble s’être appuyée sur des données plus larges englobant les pensionnés établis à l’étranger.

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Si les hommes obtiennent le paiement de leur pension plus tôt que les femmes, l’écart s’est lentement mais sûrement résorbé : supérieur à deux années pour la génération 1910, il est descendu à un peu moins d’une année pour la génération 1950. Le rapprochement va se poursuivre, mais il sera ralenti par la réforme et la règle des 64 ans, car celles-ci vont conduire les femmes à repousser l’âge auquel elles prennent leur retraite de façon plus importante que les hommes : le décalage serait de sept mois pour elles, contre cinq mois pour eux, s’agissant de la génération 1966, de neuf mois contre cinq mois pour la génération 1972, et de huit mois contre quatre mois pour la génération 1980.

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