
Le juge d’instruction bruxellois Michel Claise, qui poursuit ses investigations sur le « Qatargate », le scandale de corruption qui éclabousse le Parlement européen et implique également le Maroc, a décidé, samedi 11 février, de placer en détention préventive l’eurodéputé belge Marc Tarabella. Même s’il clame depuis le début son innocence, cet élu socialiste de 59 ans, par ailleurs maire d’Anthisnes, près de Liège, a été écroué à Bruxelles jusqu’au jeudi 16 février au moins. Il a été mis en examen pour « corruption, blanchiment et participation à une organisation criminelle ».
A Naples, la police italienne a arrêté le même jour un autre élu socialiste, Andrea Cozzolino. Il a été assigné à résidence en attendant, mardi, une décision de la justice sur son éventuelle extradition vers la Belgique. L’ex-député européen Pier Antonio Panzeri, principale figure du groupe, affirme avoir remis à M. Tarabella des sacs en papier contenant au total de 120 000 à 140 000 euros pour qu’il modifie ses positions sur le Qatar et l’organisation de la Coupe du monde de football. L’élu belge nie avoir reçu de l’argent et son avocat, Me Maxim Töller, déplore en visant M. Panzeri, que « la diffamation d’une personne reconnue comme chef d’une organisation criminelle puisse provoquer un tel tsunami et salir injustement M. Tarabella ».
« La parole intéressée et grassement récompensée d’une seule personne ne devrait jamais suffire à mettre quelqu’un en prison », estime Me Töller. M. Panzeri a admis être un corrupteur actif et a obtenu de la justice belge le statut de repenti en échange d’aveux complets qui lui vaudront une peine réduite et un sursis partiel pour l’amende de 80 000 euros qui lui sera infligée.
Longuement interrogé au cours des dernières semaines il a sans doute livré des éléments à charge de M. Tarabella. Celui-ci, qui avait sévèrement critiqué l’organisation d’un événement sportif de premier plan au Qatar, compte tenu notamment des conditions de travail imposées sur les chantiers de la Coupe du monde, avait étonné, en novembre 2022, en évoquant cette fois les « progrès » accomplis par l’émirat concernant le droit des travailleurs. Il a aussi omis de signaler, en contravention avec les règles du Parlement, un voyage à Doha, payé par le Qatar, en 2020.
Immunité levée par le Parlement
L’assemblée plénière du Parlement avait voté, le 2 février, la levée de l’immunité du député belge, ainsi que celle d’Andrea Cozzolino, un proche de M. Panzeri, auquel il a succédé à la tête d’instances parlementaires à Strasbourg, dont la délégation pour le Maghreb.
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