L’ONG de défense des océans Sea Shepherd se déchire

Paul Watson à bord de l’« Ocean-Warrior », au large de Torshavn, dans les îles Féroé, le 7 juillet 2000.

La voix du fondateur de Sea Shepherd reste celle d’un homme déterminé. Après plusieurs années à terre, c’est sans l’ombre d’une hésitation que le Canadien Paul Watson, 72 ans, annonce qu’il va reprendre la mer. « En juin, je serai prêt pour aller m’opposer aux tueries illégales de rorquals communs et de dauphins aux îles Féroé [appartenant au Danemark] et en Norvège », lance-t-il. Sur la liste de ses cibles figurent aussi les « super trawlers » – ces chalutiers-usines géants qui aspirent des tonnes de poissons chaque jour passé en haute mer – et les chasseurs de baleines japonais.

« Nous savons que le Japon est en train de construire un nouveau navire et que les baleiniers veulent retourner dans l’océan Austral, prévient le militant. Nous les y attendrons. » Le défenseur de l’océan est en train de faire préparer un imposant navire de 72 mètres de long, un ancien bâtiment de patrouille des pêches écossaises rebaptisé le John-Paul-Dejoria II. Des vents nouveaux le poussent, maintenant qu’il est « débarrassé d’une bureaucratie encombrante », assure-t-il. Façon de dire que l’ONG internationale qu’il a créée en 1977 traverse un rude coup de tabac.

Le militant de toujours vient en effet de créer sa propre fondation, nommée Captain Paul Watson, car Sea Shepherd est en train de se scinder et l’irréductible capitaine n’y est plus partout le bienvenu. Poussé vers la sortie par les dirigeants de la Sea Shepherd Conservation Society, la branche américaine de l’ONG, il a démissionné de son conseil d’administration le 27 juillet 2022. Début septembre, il a de surcroît été évincé de celui de Sea Shepherd Global, structure basée à Amsterdam qui coordonne la communication, les images notamment, et la flotte de l’ONG en dehors des Etats-Unis. Fin décembre, il a aussi quitté le bureau directeur de l’antenne australienne.

Adepte de l’« agressivité non violente »

La scission s’est opérée entre ces trois entités d’une part et, de l’autre, les équipes basées au Brésil, en France et au Royaume-Uni. Regroupées dans une association de droit français créée le 13 décembre 2022 sous le nom de Sea Shepherd Origins, elles continuent d’adhérer aux préceptes du capitaine, adepte de l’« agressivité non violente ». Sabotage de navires à quai, blocages d’hélices, traque de bateaux pratiquant la pêche illégale afin de les orienter vers des ports où ils seront contrôlés ou de recueillir des images : les méthodes de l’ONG lui valent le ressentiment des pêcheurs et des accusations d’extrémisme.

Les autres branches – l’organisation en compte une vingtaine au total – se sont rangées du côté des mutins américains. Toutes indépendantes juridiquement et financièrement, elles apportent parfois leurs forces à certaines campagnes orchestrées par Global. Pour l’heure, chacune d’entre elles garde ses navires lorsqu’elle en a.

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