l’opposant Kizza Besigye « kidnappé » et détenu, selon son épouse

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Le gouvernement ougandais a annoncé enquêter sur la situation de l’opposant historique Kizza Besigye, mercredi 20 novembre, après que son épouse a affirmé qu’il avait été « kidnappé » au Kenya et transféré dans une prison militaire d’Ouganda. Winnie Byanyima, directrice de l’Onusida, a demandé au gouvernement de « libérer immédiatement » son mari, ancien proche devenu opposant au président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986.

Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le ministre de l’information et de l’orientation nationale, Chris Baryomunsi, a expliqué que le gouvernement « vérifi[ait] les informations sur la disparition présumée de Besigye ». « Pour le moment, nous ne pouvons pas confirmer où il se trouve », a-t-il déclaré.

Winnie Byanyima a annoncé mardi soir sur le réseau social X que son mari, âgé de 68 ans, avait été « kidnappé samedi dernier alors qu’il se trouvait à Nairobi » à l’occasion de la sortie d’un livre d’une figure de l’opposition kényane, Martha Karua. « J’ai désormais des informations fiables selon lesquelles il se trouve dans une prison militaire à Kampala », a écrit celle qui dirige depuis 2019 le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida), basé en Suisse.

L’Ouganda est régulièrement accusé par des ONG et des gouvernements occidentaux d’atteinte aux droits humains et à la liberté d’expression et critiqué pour la répression de l’opposition. A la fin de juillet, 36 membres du Forum pour le changement démocratique (FDC), parti créé par M. Besigye, avaient été arrêtés dans l’ouest du Kenya et expulsés vers l’Ouganda, où ils ont été inculpés pour « terrorisme ». Ils ont été libérés sous caution à la fin d’octobre.

« Injoignable au téléphone »

Autrefois proche de Yoweri Museveni, dont il a été le médecin personnel du temps de leur lutte armée contre l’ancien dirigeant ougandais Milton Obote, Kizza Besigye a quitté le Mouvement de résistance nationale (ou NRM, pour National Resistance Movement en anglais, au pouvoir) en 2001. Leader de l’opposition, il s’est présenté à l’élection présidentielle en 2001 (28 % des voix), 2006 (37,3 %), 2011 (26,01 %) et 2016 (35,61 %). Avec d’autres déçus du président, il a fondé en 2004 le FDC, qu’il a quitté il y a quelques mois pour créer une formation qui n’a pas encore été homologuée, le Front du peuple pour la liberté (PFF).

« Nous avons essayé de le joindre, mais il est injoignable au téléphone depuis samedi », a déclaré à l’AFP Phillip Wafula Oguttu, ancien chef de l’opposition au Parlement ougandais et membre du PFF : « Nous avons contacté son hôtel à Nairobi, où il avait réservé une chambre, ils nous ont dit qu’il ne s’y était pas rendu depuis son arrivée. Notre conclusion est qu’il s’agit d’un cas confirmé d’enlèvement. »

Visage actuel de l’opposition, Bobi Wine a appelé à sa « libération immédiate » dans un message sur X. « Il est très choquant que le Kenya, qui était autrefois un refuge sûr pour les dissidents [ougandais], devienne de plus en plus une zone opérationnelle pour la dictature en Ouganda », a-t-il ajouté.

Pays frontalier de l’Ouganda, le Kenya a été critiqué dernièrement après des enlèvements de ressortissants étrangers sur son sol. En octobre, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés de l’ONU (HCR) s’était notamment dit « profondément préoccupé » par le cas de quatre réfugiés turcs qui, selon des groupes de défense des droits humains, avaient été enlevés dans la capitale kényane et expulsés en violation du droit international.

Le Monde avec AFP

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